Tout le monde en parle

Publié le par Schweinnie

ça n'en finit plus de finir

 

 

Le crépuscule du phare de notre culture se poursuivant dans la lande bleutée (ça ne veut rien dire, mais c'est fait pour), Thierry Ardisson conduit son émission en conséquence. En effet, maintenant qu'il sait qu'il va se barrer très bientôt, il s'en cague de la dictature de l'audimat à tout prix et du nivellement par le bas qu'elle génère, non, il ose ! On va voir de l'enrichissement culturel, du débats d'idées profond, pas de manière vile d'attire le chaland, que de la qualité et de la quête de sens ! Puisqu'on mentionne de l'abrutissement de masse, gros clapclap au passage à l'équipe de Radio + pour une camera cachée hilarante et jubilatoire. Ils sont allés au siège social du 118 218 pour venger les millions de prolétaires qui ont subi leur pub de merde, déguisés comme dans la pub et pour chanter sans fin le slogan magique. Et bien, ceux qui nous ont pourri la vie, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ont appelé la police pour les virer. Ça n'est pas beau.

 

De la culture, donc, mais aussi de l'honnêteté, de la noblesse d'âme, bref, que des exemples pour notre peuple, brimés par l'immonde Carolis qui ose privilégier on ne sait quoi à des programmes de qualité. C'est d'ailleurs, en gros, ce que disent beaucoup d'invités, absolument pas hypocrites, qui prennent de grandes poses désespérées pour se demander comment on va vivre maintenant que cette émission géniale s'arrête. Comme par hasard, ceux qui s'expriment ainsi sont montrés sous un jour favorable par le montage et ont une contradiction réduite à un "ah bon ?" et encore, ça ne concerne que le lieu de naissance ou un truc aussi intéressant. Comme invité culturel, il y avait Olivier de Kersauzon, l'Amiral des Grosses Têtes, qui doit avoir des réparations à faire dans son château puisqu'il sort un bouquin sur la Bretagne vue de la mer (en gros, soit de la brume, soit de la pluie). L'interview, comme on peut facilement l'imaginer, a pris un tour très élevé, éminemment philosophique, particulièrement de bon goût et sans vulgarité aucune.

 

Sinon, il y a eu l'habituel coup de pub pour un membre pour la bande (enfin, l'armée mexicaine) de Laurent Ruquier. La semaine dernière, c'était Perri Cochin, pour son actualité essentielle de productrice de la version libanaise de Tout le monde en parle. Avouez que ça en passionne du monde, en France ou même chez les téléspectateurs de TV5 ! Et puis, c'est un évènement majeur de la vie culturelle et pas du tout de la bête promotion de soi-même et de produits maisons. Cette fois, l'invitée était Florence Foresti, occasion de faire la promotion d'On a tout essayé en plus du spectacle caritatif qu'elle venait vendre et, comme elle a la reconnaissance du ventre, de féliciter une fois de plus Ardisson. Il y a aussi eu Anggun d'invitée, pour la bonne raison qu'une nouvelle édition de son album est disponible. Bon, elle, elle aurait le physique de Régine, elle ne serait certainement même pas invitée à la première sortie de son album (à moins de raconter ses histoires de fesses). Donc, là, elle se voit obligée de répondre à des questions aussi fondamentales que "qu'est-ce que vous préférez chez les Français ?" mais comme elle répond "la bouffe" et non "le cul", Ardisson a préféré développer la perception de la France à l'étranger comme prétexte à faire des gros plans de son décolleté.

 

Un débat philosophique : la liberté d'expression peut-elle avoir des limites ? Dit comme ça, ça pète bien mais dans la pratique, c'est un peu moins évolué. D'abord, les protagonistes étaient Monsieur R, l'inoubliable auteur de "la France est une salope et il faut la baiser comme un garce" (à ne pas confondre avec Dominique de Villepin) et un député UMP dont on ignorait l'existence avant ce débat. Débat, c'est d'ailleurs un bien grand mot puisque, comme à chaque fois dans l'émission, chacun reste campé sur ses positions et les deux sont complètement inconciliables. Ajoutez à cela de la mauvaise foi manifeste, un Ardisson qui jette de l'huile sur le feu en caricaturant les opinions des deux protagonistes et un Boujenah qui est content qu'on se parle même s'il faudrait que tout le monde s'aime et on ringardise définitivement Arte ou même Yves Calvi. D'ailleurs, on sent beaucoup de respect de la part d'Ardisson pour ses invités puisqu'il n'a pas arrêté, après son départ évidemment car il est très courageux, de se moquer du politique et de ne l'appeler que "le député UMP", comme une marque d'infamie.

 

Mais comme il n'aura échappé à personne que c'est la Coupe du Monde, on a aussi parlé foot avec Bernard Tapie (condamné pour corruption, entre autres) et Rolland Courbis (condamné pour complicité d'abus de bien sociaux). Et il faut dire qu'Ardisson, qui se plait à dénoncer les complots ourdis par les grands de ce monde (cf. l'assassinat de Coluche), sait respecter la justice, surtout si on sait bien parler dans ses émissions. Ainsi, lorsque Courbis ressort son grand couplet de l'innocent brimé, de la victime d'un grand complot, de celui qui a dû se sacrifier à faire des malhonnêtetés car c'était la seule solution pour rivaliser avec les autres, du simple rouage d'un système bien pire que lui et on paye trop d'impôts. Vous ne pensez quand même pas que quelqu'un d'aussi intègre qu'Ardisson allait le titiller sur son casier judiciaire plus rempli que son palmarès, non, il a tout acquiescé et lui a souhaité d'être blanchi en appel car un bon client comme le gros Rolland, ça se bichonne. Ce n'est pas demain la veille qu'on verra en revanche Ardisson s'intéresser à Arsène Wenger, Paul Le Guen, Jean-Claude Suaudeau ou Claude Puel, tous reconnus unanimement mais avec moins de charisme qu'une moule marinière et une impossibilité complète de donner dans la gaudriole en public, entouré de demi-putes et de neuneus inexpressifs.

 

Le plus fort aura été le passage de Bernard Tapie, à écouter Ardisson, c'est Mandela, Bill Gates et Jaurès réunis, cette homme. Ça démarre avec "là, exceptionnellement, on a enregistré l'émission et donc, on est avant le match contre le Brésil, mais est-ce que vous pouvez risquer un pronostic ?" Déjà, que les émissions soient enregistrées, c'est en effet exceptionnel puisque ça n'arrive pas plus d'une fois par semaine. Tapie, il a répondu que si la France gagnait, il n'était pas impossible qu'elle gagne ou quelque chose comme ça, bref, il s'est particulièrement mouillé. Il a regretté l'arrêt de l'émission, Ardisson en a rajouté dans le côté victime de la censure avec son chef-d'oeuvre qui s'arrête sans raison (alors qu'il y en a une, on peut discuter de son intérêt, mais elle existe, Carolis refusant que les animateurs du service public fassent aussi des émissions dans le privé, d'ailleurs, Ruquier a choisi France Télévisions) puis lui a demandé s'il comptait revenir aussi dans la politique. La réponse de Tapie et, plus encore, l'absence de contradiction d'Ardisson, dépasse l'imagination. "Attends, déjà, quand j'ai réussi dans le foot, ils ont mis 100 000 balles dans un jardin, alors imagine ce qui va se passer si je fais de la politique". "Ils ont mis" ? Tapie serait donc victime d'une machination dans l'affaire VA-OM ? Blanc comme un linge lavé avec le nouvel Omo, le Nanard ? Il fallait oser, Ardisson l'a fait, laissant au passage une nouvelle expression de ce "tous pourris" qui machinent pour éliminer de diverses façons les fils du peuple, pensée déjà nauséabonde, mais qui en plus ne tient pas la route dans le cas Tapie. Vraiment, que de regrets de ne plus voir ça sur la télévision publique !

 

Pour ce qui est de la Coupe du Monde, grosse performance aussi de 100 % Xénophobie dimanche dernier, avec comme invités vedettes Thierry Roland, Michel Drucker et Alain Sars. Sars qui a pourtant bien commencé en faisant enfin ce qu'on attendait de sa présence comme chroniqueur dans l'émission, à savoir de la pédagogie sur les règles méconnues comme dans ce cas le retrait d'un joueur quand une équipe est en supériorité numérique pour les tirs au but, mais a hélas rechuté dans l'attaque puérile en reprochant à Elizondo d'avoir laissé un Anglais tiré alors que Robinson était dans la surface, chose ayant bien sûr eu une influence déterminante sur les évènements. Drucker, lui, a félicité Thierry Roland et Frank Leboeuf, il est vrai que les duettistes pratiques l'insulte et le cliché tout ce qu'il y a de premier degré là où le groupe finlandais Lordi n'a pas versé là-dedans, mais bon, chacun ses valeurs.

 

Mais les prestations de classe internationale, ce sont celles de Thierry Roland et de Pierre Ménès (je rappelle au passage que ces deux types ont la carte de presse, ce sont des journalistes avec le prestige qui va bien, qui en sont fier et qui l’assènent comme argument ultime en cas de contradiction et tout), Dominique Grimault s'étant montré sobre (à côté d'eux). En effet, Roland a clamé que les Allemands avaient des comptes à nous solder, Grimault a ajouté que c'étaient des enfoirés, mais Roland n'a pas précisé ce qu'ils avaient fait pour qu'on jette ainsi l'anathème sur tout un peuple. Ils nous ont battu ? Il y a un paquet de pays qui peuvent nous en vouloir (avec des vrais morceaux de haine dedans), alors. L'agression de Harald Schumacher ? Barthez a expliqué qu'il comprenait parfaitement ce geste et qu'il avait le même comportement des fois, mais dans cette émission, l'avis des joueurs passe après celui des journalistes estampillés M6. Les guerres ? Quel beau message de paix, dans ce cas ! En plus, plusieurs pays auraient alors le droit d'exterminer nos joueurs à ces conditions. Ah mais non, je rappelle que dans cette émission, les étrangers sont tous des salauds, nous, Français, sommes les seuls gens honnêtes. D'ailleurs, Ménès en a rajouté une louche en décrivant, avec l'accord de Roland, les Portugais comme des violents, des tricheurs, des dopés, des simulateurs, des connards, des fils de pute, des enfoirés, des pue-du-bec, et encore, si on ne les retenait pas, ils auraient sans doute ajouté qu'ils mettent des baskets sans chaussette. On était à un tel point de stupidité haineuse et malsaine que j'ai cru qu'ils allaient se mettre à imiter le singe à chaque fois que Marius Trésor prenait la parole.

 

Un dernier exemple de cette pitoyable propagande nationaliste, lorsqu'ils se sont demandés qui de Henry ou de Zidane mérite d'avoir le Ballon d'Or ? Alors, le Ballon d'Or, c'est décerné en décembre et ça récompense les prestations sur une année civile, donc de janvier à décembre, d'où la stupidité profonde de discuter de son potentiel lauréat en juillet, ce que de nombreux journalistes français bas du front (national ?) avaient oublié en 2000 quand Figo avait devancé Zidane. D'ailleurs, ils en ont rajouté une louche dans le scandale qui est le fait que Zidane n'en ait reçu qu'un seul et Henry aucun et comme exemple de scandale, Ménès cite les victoires de Nedved et de Chevtchenko. Forcément, ces deux membres de la mafia des pays de l'est, des footix, de Pascal Praud et du KGB, ils ne peuvent pas être de grands joueurs et mériter des récompenses, non, ce sont des voleurs, c'est tout et fin de la discussion. Le pire, c'est que, malgré ma volonté farouche de voir la France triompher, plus j'entends ces connards, plus j'ai envie qu'on perde, et de la façon la plus imméritée qui soit. Alors, pour maintenir l'unité nationale derrière notre équipe, une seule solution, VIREZ MOI CES MINABLES UNE BONNE FOIS POUR TOUTES !!!!

Publié dans telepoubelle

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B
Voilà pas mal de temps que je lis ton blog et il me fait bien poiler, moi humble stagiaire en manque de travail et bientôt en vacance. Déjà bravo pour ton oeuvre en cours.<br /> Ensuite sur les articles cocernant la grand messe du dimanche soir qu'est 100% foot, il est tout à fait irréel qu'une émission soit confié à de telles personnes (le seul grimault arrive de temps en temps à sauver les meubles et encore). De plus, si il n'y avait que cette émission, car entre téléfoot, et les émissions spéciales sur canal+, tout ce qui tourne autour de l'équipe de France n'est plus de l'information mais de la propagande pure et simple. Et rien que d'entendre les douces voix de Gilardi, Larqué et Arsène "Lupin" Wenger, j'ai des envies de balancer ma Tv par la fenêtre. Et comme tu le fais remarquer à la fin de ton présent billet, ne vont ils pas faire détester l'équipe de france pour certains. Et bien avec moi ils y sont arrivés (ils ont pas trop eu a forcer faut dire) et depuis 96 l'équipe de france m'est insignifiante. Vivement la fin de ce mondial et le début des éliminatoires de l'euro 2008 pour voir les vrais supporters.<br /> Sur ces belle parole je souhaite une continuation à ton excellent blog.
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