Eurovision [2/3]

Publié le par Schweinnie

chantant plus juste, la France sera plus forte

France :

Donc, quitte à perdre, on y est allé avec panache et ça, ça fait franchement plaisir. Oui, d'accord, l'an dernier, j'avais écrit que si on envoyait un groupe original, on ne pouvait finir que mieux classé que Virginie Pouchain et en fait ... euh, bon, voilà, je me suis planté. Mais je maintiens, vaut mieux perdre avec les Fatal Picards qu'avec Virginie Pouchain, il y a une touche d'audace et d'originalité qui manquait ces dernières années. Costumes par Jean-Paul Gauthier, tous en rose et noir (les deux couleurs des gens de goût), le batteur a en prime des ailes d'ange dans le dos et le chanteur chauve (ah ouais, y en a deux, chez eux, le chauve et le mal rasé à catogan, de vrais caricatures d'intermittents) une fraise autour du cou. Bon, pour le physique, c'est sur qu'on est loin des gravures de mode des autres pays mais bon, ça n'a pas empêché Lordi de gagner, après tout. A noter que c'est sans doute la chanson française d'Eurovision avec le plus de paroles en anglais, mais sans que cela suffise pour délivrer un message aux autres peuples d'Europe (un truc du genre "on vous emmerde et on fait comme on veut"). Le principe, c'était d'envoyer un groupe barré et de ce point de vue, c'est réussi. Mais c'est venu en retard par rapport aux anciens vainqueurs, là, ça fait trop copie. Mais baste, LONGUE VIE AUX FATALS PICARDS !

Lettonie :

Représentée par Bonaparti, rien à voir avec un empereur égocentrique, ambitieux et de petite taille (qui lui même n'a rien à voir avec ... qui vous savez). Non, ce sont des grosses voix mâles, chantant en italien (après les français qui chantent en franglais, les lettons qui chantent en italien, c'est n'importe quoi, cette année), de vrais gentlemen, en smocking (enfin, pour le haut, car ils sont en jean, quand même), haut de forme, écharpe blanche défaite, tous rose blanche à la main (clin à d'oeil à la gagnante autoproclamée du second tour de la présidentielle française) et chantant la sérénade.

Russie :

Elles aiment "le sport, le chocolat et le sexe" selon Julien Lepers, c'est un trio moscovite nommé Serebro mais rassurez-vous, ça n'a rien de cérébral. Le principe, c'est trois bombasses en écolières qui se vantent, en anglais, de prendre notre pognon et remuer leurs fesses pour nous. Hobby louable et charmant, sauf qu'elles restent cramponnées à leurs pieds de micro, bonjour l'arnaque ! Vite, donnez moi le numéro de Julien Courbet ! Ou celui de son avocate qui vomit quand on lui parle de coucher avec un noir ou un arabe, ça fera l'affaire ! Bref, juste caresser le micro, c'est un peu faible, Marie Myriam était bien plus érotique (pour l'époque, si, si, je vous l'assure).

Allemagne :

Roger Cicero, c'est un concours pour avoir le nom qui sonne le plus philosophe, on dirait. Il chante en allemand, mais à la Sinatra, en costard blanc, le chapeau et les pompes itou, pour nous bramer que les femmes dirigent le monde. Alors, t'es gentil, mais ça, c'est dans ton pays, hein, nous, les gonzesses, elles restent à la baraque garder les enfants, alors poupougne ! Il est accompagné d'un jazz band qui aurait sans doute été dans le vent il y a quarante ans (un peu comme son prénom, en fait) et son nom est marqué en gros au fond de la scène. Effort linguistique et voix juste, c'est assez rare pour être signalé. Il y a juste un problème, l'allemand en chanson, ça ne marche que dans le burlesque ou le bourrin.

Serbie :

Sans le Monténégro, parti l'an dernier. Chanson dans la langue nationale, là aussi, avec une sosie de Mireille Mathieu (en plus jeune et avec les lunettes de Nana Mouskouri) en costard négligé (c'est-à-dire en costard, mais cravate défaite, bouton du haut de la chemise ouvert et des baskets au pied). Elle est entourée de cinq jeunettes dans le même costume (mais vraiment porté), plus l'écharpe rouge du Président de la République Française et, comme la chanteuse principale, un pin's (pardon, une épinglette) en forme de coeur rouge. C'est de l'émotion à fond, mais les coiffures des choristes sont assez effrayantes, pour fabriquer tout le gel utilisé, on a dû tuer trois baleines, et je ne parle pas du reste du maquillage. En plus, j'ai à ce moment-là reçu un SMS de Claudy Siar ("la Serbie qui n'a jamais remporté l'Eurovision, eh ben, c'est pas avec ça qu'ils vont gagner") suivi d'une surenchère de Michel Drucker ("looool, tro bo, ClOdi, ta tro réson, y son nuul, mdr ! kikoo à Jacques Balutin !") car ouais, moi, je connais des stars, même l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours qui a vu le mec de la pub Boursin.

Ukraine :

Bon, alors là, on est à fond dans l'original. Tellement que je ne sais pas par où commencer. Alors, voilà, c'est un travesti ukrainien, accompagné d'un groupe tout aussi jeté. Ils sont vêtus tout en argenté brillant, avec des lunettes de soleil d'aviateurs et des calots, argentés aussi. Pour le chanteur, une jupe (argenté itou) courte dévoilant des collants blancs et des talons dans le ton, tandis que les deux accompagnateurs ont une culotte courte et des chaussures de drag-queen, dans la même couleur que le reste, et des chaussettes de skis. A défaut de calot, le chanteur a une coque surmontée d'une étoile, comme sur les sapins de Noël. Pour la musique, c'est du boum-boum, accompagné à l'accordéon, accordéoniste qui, comme deux choristes, est en doré, pour changer des autres. Tout ce beau monde s'agite joyeusement, avec des manières de Michel Serrault dans la Cage aux folles. Typiquement le genre de chansons qui peuvent faire un carton à deux heures du matin, quand tout le monde est pété (ou en sortie d'entretien avec Poutine dans le cas de ... qui vous savez). On se place clairement dans l'optique d'un joyeux délire, sans autre prétention que de faire de la concurrence à Patrick Sébastien ou Mickaël Youn.

Royaume-Uni :

On est accueilli par un stewart puis entrent les hôtesses et le barman avec toutes ses boissons (Chanel n°5, poches de sang ... pas sûr que ce soit le barman, en fait), c'est la version aérienne de la Croisière s'amuse. Chanson dans un pur style Eurovision à l'ancienne, avec donc des costumes facilement reconnaissable mais qui restent grotesques, paroles qu'on peut comprendre même avec un niveau minimal en anglais, jeu d'acteur qui n'est pas sans rappeler la prestation de Frédéric Diefenthal dans Taxi 2 et chorégraphies qui ramènent Kamel Ouali au rang de moine cénobite (et nous les secouerons nous-mêmes). Ils jouent avec des tables roulantes aux couleurs de tous les drapeaux des pays européens (bonjour les fayots), font les signes de direction depuis la piste avec les sucettes rouges (ça doit avoir un nom, tout ça, mais sucette rouge, c'est plus visuellement identifiable) et nous lancent des clins d'oeil complice.

Roumanie :

Gros efforts sur les costumes, pour eux aussi. Avec un chapeau melon et pardessus, un pull marin et béret, une chemise fluo et béret aussi ... on est encore dans le registre burlesque. Difficile d'isoler le style de musique, c'est un enchaînement pseudo-traditionnel, passant par différent pays, pareil pour les langues, on passe par différent l'anglais, l'espagnol, le roumain et ... le français. De même, la danse, c'est des bonds en se tenant par l'épaule, du flamenco, du n'importe quoi. Et une chanson qui s'emballe petit à petit, encore un gros potentiel pour les bêtisiers dans les années prochaines.

Bulgarie :

Elisa Todorova et Stoyan Jankulov (oui, oui, il s'appelle réellement comme ça, le type). Elisa, c'est la chanteuse avec des cheveux intacts depuis trois ans (avec le ventilateur au maximum, ça décolle, mais en laissant une comète derrière) et Stoyan, c'est le musicien, percussionniste, joueur de citarre, et avec une coupe de cheveux de joueur de foot anglais dans les années 80. Le tout avec de la musique techno en fond sonore et de gros cris en voyelle pour les refrains (non, là, je suis mauvaise langue par moment, elle fait taladouda, aussi). Jankulov qui clôt sa chanson par "Europe, we love you" donc, soit c'est un immonde fayot, soit il a vraiment aimé The final countdown.

Turquie :

Copie quasi conforme de la Grèce, y compris dans le refrain en "shake it". En revanche, le chanteur fait moins beau gosse et beaucoup plus fils du tenancier de bistrot qui passe donner un coup de main de temps en temps (et taper deux-trois sandwiches par la même occasion). Il est entouré de danseuses tout aussi habillées que les Grecques, quoique les jupes sont plus longues et les hauts ont nécessités un peu plus de tissu. Chanteur qui impressionne surtout par sa veste rouge de torero que par ses capacités vocales, utilisées seulement pour infliger en boucle les mêmes paroles. A noter que la Turquie est le seul pays sorti des demi-finales qui n'est pas été membre du Pacte de Varsovie, le complot des buveurs d'alcool de patate et assimilés continue de frapper, après les spoliations de Ballon d'Or à Thierry Henry.

Arménie :

Comme l'an dernier, l'Arménie suit la Turquie dans l'ordre de passage, à croire que c'est fait exprès. On se contente en revanche d'une ballade, avec un beau gosse à pendentif qui brille qu'on voit surgir des poils car il a ouvert le haut de sa chemise (rentrée dans le pantalon, tout de même). Derrière lui, un arbre mort avec des bandes blanches accrochées aux branches (et non des bandes branches accrochées aux blanches, ce qui ne veut rien dire). En plus, le type, avec des boutons de manchette ouverts, on voit qu'il a une montre à chaque poignet, ce qui est très utile pour avoir l'heure quand on vient de se faire bouffer le bras par un requin, ce qui est très fréquent en Arménie. Les choristes sont en robe rouges, l'un a des plumes d'indien dans les cheveux et l'autre a un bandeau rouge peint sur les yeux.

Moldavie :

Maïa hi, maïa hu, maïa ha ha, voici un grand pays musical, bien que petit par la taille. Beau résultat d'intense travail à l'atelier d'expression corporelle à la MJC Boukharine de Saint-Denis, les costumes, eux, sont plus originaux, avec imitation miteux avec le trou qui laisse dépasser la culotte. Bref, on mise beaucoup sur le fait que la chanteuse, les choristes et les danseuses n'ont pas un physique trop handicapant quand il s'agit de se faire engager comme assistante. Pour la musique, c'est de l'imitation Evanescence qui, avec l'imitation Tarkan, semble avoir été la mode de cette année.

Tous les finalistes ont défilé, il est temps de recevoir ce qui, avec Lordi et les pilotes automobiles, a beaucoup fait pour la renommée de la Finlande, j'ai nommé Papa Noël (père d'Yves et Hervé). Père Noël qui fait un petit discours à la foule, avec un passage en français (en l'occurrence, il a dit "oh oh oh"), sort une cloche et donne ainsi le top-départ des votes par SMS, par appel téléphonique mais pas par Minitel ou par Tatoo.

Tiens, mon Top 5 à moi, sans la France car je n'ai pas le droit de voter pour eux, mais je les aurais mis, assurément, tout comme j'aurais sûrement mis les Anglais, s'ils n'avaient pas été Anglais (parce que bon, on est une année de Coupe de Monde de Rugby, alors pour que j'ait un mot aimable pour eux, ils peuvent se brosser, les Rosbeefs) :
1 Roumanie
2 Ukraine
3 Slovénie
4 Allemagne
5 Bulgarie
Et c'est mon choix et puis c'est tout.

Publié dans telepoubelle

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S
longue vie aux Fatals picards... et pour ceux qui ne l'ont pas encore, achetez "Pamplemousse mécanique"
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