Tour de France 2006 : la rétro [1/2]

Publié le par Schweinnie

pour les amateurs de la pédale (non, ce n'est pas une attaque sournoise contre Gérard Holtz)

Strasbourg

Dès le prologue, ça ne ressemble à rien. Tous les favoris mis dehors (ce qui est pudiquement appelé "défection" ou "absence" ou encore "ennuis" mais jamais "dopage"), on se demandait bien qui pouvait gagner. Landis se fait remarquer en partant six secondes trop tard à cause d'une roue crevée juste avant le départ, Millar n'a plus le talent (ou l'hémoglobine) pour gagner dans son exercice préféré. Du coup, c'est le sprinter norvégien Thor Hushovd qui devient le premier maillot jaune de ce Tour, pour 0 secondes devant George Hincapie.

Strasbourg - Strasbourg

Hincapie surprend Hushovd sur un sprint intermédiaire et s'empare du maillot jaune. Sentant alors qu'il n'a pas le physique suffisant pour le reconquérir, Hushovd reçoit alors un coup de main sponsorisé par le PMU pour avoir le droit aux transfusions. Boonen se foire totalement pendant le sprint que Jimmy Casper remporte à la surprise générale. Le fantôme de Casper planera ensuite sur tous les sprints de Boonen, traumatisé par cet échec.

Obernai - Esch-sur-Alzette

Les bonifications intermédiaires permettent à Hushovd de reprendre le maillot jaune au grimpeur - rouleur- sprinteur - spécialiste des classiques du Nord. Toutefois, il est, comme Boonen, battu au sprint par McEwen, malgré aussi les tentatives d'attaque de Kessler dans le final accidenté. S'estimant gêné dans le sprint par l'Australien, le Norvégien pointe à l'arrivée (donc, à plus de 70 km/h) un doigt menaçant envers le vainqueur d'étape, il aurait aussi crié "you fuck my wife !" mais ça n'est pas sûr, je suis nul pour lire sur les lèvres en norvégien.

Esch-sur-Alzette - Valkenburg

Parcours qui emprunte le chemin de plusieurs classiques et notamment le final de l'Amstel Gold Race, équivalent cycliste de la Route du Rhum. Étape marquée par la chute du grand favori (enfin, du rescapé du sabrage des favoris) Valverde qui se casse la clavicule mais, sans la pharmacie de Hamilton, il ne peut pas l'imiter. Dans le Cauberg, juste avant l'arrivée, Sandy Casar tombe aussi, percutant un portable tendu par un spectateur qui voulait prendre une photo, soit c'est le même couillon que celui qui voulait prendre une photo de Guerini à l'Alpe-d'Huez en 1999, soit c'est une nouvelle version du happy slapping. En tout cas, comme la chute est dans les trois derniers kilomètres, elle n'entre pas en compte dans le temps perdu par le coureur (en fait, on a le droit de filer des baffes avec les grosses mains vertes, mais il faut le faire dans les trois derniers kilomètres). A l'arrivée, la nouvelle attaque finale de Kessler est cette fois payante puisqu'il s'impose devant un peloton morcelé, dans lequel Hushovd perd du temps et donc son maillot jaune au profit de Boonen.

Huy - Saint-Quentin

Encore raté pour Boonen ! Il est tout contrarié par ce nouvel échec dans un sprint final sur les Champs-Elysées de Saint-Quentin (c'est comme ça que les ploucs du coin surnomme la rue de l'arrivée) et boude alors qu'il conserve le maillot jaune. Une chute avait plus tôt envoyé par terre Mayo et Galvez, mais le même Galvez reviendra tout de même pour finir deuxième de l'étape. Victoire facile de McEwen, en train de démolir la statue de mégastar qui est gentil en plus de Boonen.

Beauvais - Caen

La première semaine, c'est très facile à comprendre : c'est tout plat, une échappée permet à certains méconnus de passer à la télé puis ils sont repris dans les derniers kilomètres où tout se joue au sprint, ça attribue une victoire d'étape et le maillot vert, mais pour la victoire finale dans le Tour, on s'en fout. Bref, on se fait chier et les commentateurs sont bien en peine de tenter de nous convaincre de l'intérêt de l'étape. Là, c'est l'ancien triple champion du monde (qui n'a quasiment gagné que ça, d'ailleurs) Oscar Freire qui s'impose et Boonen, encore battu et toujours en jaune, est à la limite de l'explosion.

Lisieux - Vitré

Il est tellement énervé qu'il attaque ! En effet, on voit une échappée qui comprend le maillot jaune, Boonen, et un autre sprinter, Hushovd. Evidemment, ça ne dure pas, le peloton les reprend vite fait et la vie reprend son cours, malgré les efforts des échappés du jour. La victoire revient encore à McEwen mais Boonen, qui ne parvient toujours pas à gagner, garde son maillot jaune.

Saint-Grégoire - Rennes

Premier gros contre-la-montre et première étape d'importance pour les favoris. Les grimpeurs prennent de nombreuses minutes rédhibitoires dans les dents, Julich (troisième du Tour en 1998 et qui n'a plus rien fait depuis sur le Tour) s'offre un joli vol plané dans un virage qui le contraint à l'abandon (il avait déjà fait le coup en 1999). Les gros (aucune référence à Ulrich dans ce terme) sont tous là, sauf Lepheimer qui perd cinq minutes à la surprise générale, la victoire revient à l'Ukrainien Serhiy Honchar (appelé sans arrêt "Cergy" par Gérard Holtz, qui avait dû comprendre que c'était Cergy-Pontoise le vainqueur du jour) qui prend le maillot jaune, mais le mieux placé des favoris est alors Landis. Côté français, le champion de France de la spécialité et tout fier de l'être, Sylvain Chavanel, est à la rue alors que Moreau fait une assez bonne performance. C'est pas grave, Chavanel, un jour peut-être, tu feras quelque chose de potable dans ta carrière.

Saint-Méen-le-Grand - Lorient

Une étape bretonne, de quoi donner des ailes à Jean-Paul Olivier. On ne l'a pas arrêté, des anecdotes, des descriptions de patelins paumés remplis de bouseux alcooliques, une récitation des étapes du Tour 1951, tout y est passé ! Le meilleur moment est lorsqu'il a narré les différences entre l'andouille de Vire et celle Guéméné, mais il a omis l'andouille de Sannier. Comme les échappés ne menacent pas le maillot jaune, une attaque va au bout avec un succès de Calzati, français d'origine italienne le jour même de la finale de la Coupe du Monde.

Bordeaux - Dax

Du plat, du plat, du plat et encore un petit peu de plat. Forcément, ça donne une arrivée au sprint et un échec de Boonen, qui va finir par tout casser à l'hôtel. Deuxième victoire d'étape pour Freire, qu'on n'attendait pas à pareille fête, il faut être honnête. On note aussi sur le Tour la présence de Mario Cippolini dans la voiture de l'équipe Liquigas. Comme du temps de sa grandeur sportive, le beau Mario fait se pâmer les dames, se fait remarquer sur la dernière étape avant la montagne et rentrera chez lui le lendemain parce que ça grimpe.

Cambo-les-Bains - Pau

Une étape de montagne dans laquelle le dernier col est à 40 km de l'arrivée, il n'y a que Henri Sannier et Jean-Marie Leblanc pour croire que ça va donner une bagarre entre les gros bras (même sans Brasfort). On note tout de même que Moncoutié et Casar ne sont pas du tout dans le coup, que Lepheimer semble en difficulté, que Cunego n'est pas dangereux, que Mayo est définitivement un gros pitre, mais rien d'important ne se passe, c'est surtout l'occasion de faire une belle échappée pour prendre le maillot jaune. Le bon coup, Chavanel a espéré en faire partie, il fait une longue échappée solitaire avec trente secondes d'avance sur le peloton sur plusieurs kilomètres, il a insisté alors que Fignon nous expliquait qu'il était stupide, s'est fait reprendre avant même le premier col et a fini très loin des meilleurs. On n'avait pas connu un cycliste français aussi drôle depuis Thierry Bourguignon. Pendant ce temps, Dessel, coureur de AG2R, et Mercado, de la petite équipe d'Agritubel, sont arrivés au bout. Dessel, assuré de prendre le maillot jaune, a refusé de laisser (ou de monnayer ?) la victoire à son compagnon d'échappée et dispute l'étape au sprint. Hélas, il se fait surprendre et s'incline, ce qui donne une victoire inespérée pour Agritubel.

Tarbes - Val d'Aran-Pla de Béret

Plein de cols, mais cette fois mal placés ! Donc, comme la veille, c'est une fausse grande étape de montagne, on sait que rien de décisif ne se passera avant l'ascension finale, la faute à la trop longue vallée entre le dernier col et la montée finale. La lutte ne se fait qu'à l'arrière, avec Chavanel qui est ridicule et les Discovery Channel qui peuvent regretter qu'Armstrong soit parti avec la pharmacie. Du point de vue des échappées qui ne servent à rien, joli numéro de De La Fuente qui prend le maillot à pois, gros raté de Voeckler qui chasse longtemps seul le groupe de tête avant de craquer alors qu'il était quasiment rentré sur eux. Sinon, les T-Mobil ont perdu Ulrich, mais pas leur sens tactique, ils font tout exploser dans le col du Portillon mais leur leader Klöden se retrouve isolé dans la dernière ascension et craque lamentablement, il ne manque par rapport à l'an dernier que de rouler derrière un équipier genre Vinokourov qui avait attaqué. Comme tout le monde sauf trois personnes (un fan des Merlus, Jean-René Godard et Christophe Moreau, c'est-à-dire que des pointures) pouvait s'y attendre, Moreau a lâché trop de temps pour croire à une victoire et a confirmé être sur le pente descendante et n'avoir le niveau que pour chercher une place dans les dix premiers. Finalement, cinq coureurs font bonne impression dans une étape close, non plus par un train bleu de l'US EPostal, mais par un train orange de la Rabobank, et donc, les vrais grimpeurs comme Simoni, Rujano ou Cunego sont asphyxiés par des rouleurs costauds. Les favoris ne sont que quatre puisque Lepheimer semble avoir perdu trop de temps : Sastre (Riis est vraiment un magicien), Evans, Menchov (qui gagne l'étape et porte le dossard fétiche 51) et Landis qui prend le maillot jaune. Ce n'est pas pour remuer le couteau dans la plaie, mais si Dessel avait gagné l'étape de la veille, il aurait gardé son maillot jaune, au lieu de ça, il le perd pour huit secondes au profit d'un américain. Laurent Fignon n'a pas voulu faire de commentaire.

Luchon - Carcassonne

Maintenant que tout un chacun peut voir l'étape (week-end ou jour férié), la direction a eu la très bonne idée de placer des étapes sans intérêt et d'attendre la semaine pour remettre de la montagne. Du coup, c'est une échappée de quatre coureurs (Le Mével, Ballan, Freire et Popovych) qui va au bout avec un succès de Popovych. Sinon, Boonen a enfin réglé le peloton au sprint ! C'est vraiment trop con que ça comptait pour des prunes, pour une fois qu'il gagnait ! Preuve que l'étape était un ton en-dessous, Gérard Holtz demande au vainqueur s'il est croyant car il l'a vu se signer à l'arrivée (non, je faisais la Macarena, connard). Le moment le plus passionnant reste, après la vision d'un groupe de spectateurs habillés comme des hommes préhistoriques, quand Laurent Fignon et Jean-Paul Olivier décident de parler comme dans la Guerre du feu. Et bien, Fignon qui fait "agahoha", ça reste plus intéressant que toutes les interventions de Jean-René Godard et Gérard Holtz réunies.

Béziers - Montélimar

Le peloton ayant fini de Béziers, il se relâche totalement au profit d'une échappée chanceuse de cinq gars, dont un qui craque complètement. Ça va se jouer à quatre, Sylvain Chavanel est nettement le plus fort et le montre sur une attaque dans le final, Quinziato s'accroche péniblement mais Voigt et Pereiro sont largués. Et là, commence le Chavanel Circus, il regarde Quinziato qui était tout rouge, qui bavait et qui crachait ses poumons, lui demande de le relayer alors que l'autre, manifestement, ne le peut pas dans l'immédiat et du coup, les deux autres reviennent. Puis, sur un relais appuyé de Voigt, Quinziato surveille le plus fort (Chavanel, donc) et ne veut pas lui apporter l'étape sur un plateau, Chavanel ne veut pas faire le travail et les deux à la ramasse réussissent ainsi à lâcher le meilleur et le bof. Résultat : Voigt gagne au sprint contre Pereiro et Chavanel doit se contenter d'une troisième place pitresque par rapport à sa fraîcheur. C'est bien, petit, continue d'insister, sur un malentendu, ça peut passer. Derrière, Landis ne veut plus du maillot jaune, il en a marre (après deux tortures de ce genre) des peluches de Goleo et des interviews de Gérard Holtz, alors il se débrouille pour que le peloton arrive à une demi-heure et donc que Pereiro lui reprenne le maillot jaune. Quant à Chavanel, cette échappée belle lui permet de faire son entrée dans le classement des dix meilleurs ... français.

Montélimar - Gap

Une échappée au long cours avec des rescapés qui vont au bout, c'est d'un commun ! Six coureurs (l'ancien champion de France Fédrigo, Commesso, Aerts, Kessler, Canada et Verbrugghe) qui ne sont plus que trois après une jolie gamelle qui coûte une clavicule pour Canada, un fémur pour Verbrugghe et un soleil pour Kessler (le seul à repartir, mais avec le peloton). La présence du col de la Sentinelle juste avant l'arrivée provoque le lâchage d'Aerts et un sprint entre les deux, remporté par Fédrigo, qui ont résisté à un groupe des costauds. Les Quick-Step ont provoqué une franche rigolade, en roulant fort dans la plaine pour Rujano jusqu'à ce qu'il soit lui-même décroché, Boonen a aussi logiquement sauté dans la dernière difficulté. Et puisqu'on rigole, parlons encore de Sylvain Chavanel, tombé dans ce col, mais dans l'ascension.

Publié dans telepoubelle

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
Ca te sert a koi de t'acharner comme ca sr Sylvain Chavanel !!! Franchmt pour faire de tel commentaires il faut vraiment ke tu n'est rien compris au cyclisme !!! C pitoyable ...
Répondre
A
Schweinnie, j'adore.<br /> Chavanel et Boonen en tête de turcs, c'est mérité sur ce début de tour.<br /> Je me précipite sur la suite!
Répondre
M
eh mec, arrête de critiquer Chavanel. Ce mec-là est probablement un des meilleurs du peloton. Mais je ne crois qu'il utilise le même carburant que les tenors.Intéresse-toi au milieu et tu comprendras que Chava est le grand lesé de cette époque cycliste.
Répondre