Nos ennemis intimes

Publié le par Schweinnie

l'ennemi est là, en nous, brrrr

D'abord, j'aimerais évoquer un parasite particulièrement vivace et non cité dans ce documentaire : le commentateurus sportivus. Oui, une épidémie terrible a déjà eu lieu en juin et juillet, avec le thierris rolandus, le jeanmimis larqueus, le thierris gilardis, le frankus lebovis, le christophos jossa, le thierris jeanpierris, le luis entrainor et enfin le pierro menes. Mais la variété la plus dangereuse de ce parasite (qui s'attaque principalement aux conduits auditifs ainsi qu'aux facultés mentales) reste le commentateurus sportivus servis publicus. Ça, c'est une véritable saloperie. D'accord, le pierrus salvias et le carolus bietris ont été éradiqués, mais des vagues terrifiantes continuent de déferler. Ça a commence en février avec le nelsonus monfortus et le jeanrenes godardus, puis en mai, ce fut le règne du lionelis chamouleaudus ainsi qu'encore du jeanrenes godardus, arrive juillet et le retour du gege holtzis (qui sévit aussi début janvier en Afrique, sur une ligne Paris-Dakar) avec toujours du jeanrenes godardus et maintenant, le nelsonus monfortus revient et avec lui, le pire peut-être (à moins que ce soit le travail de sape de ses collègues qui provoquent ce trop-plein), le patrickus montelus.

Que fait-il, ce dernier ? Et bien, il hurle, principalement, de telle sorte qu'on n'entende plus les commentaires avisés et excellents (vraiment) de Bernard Faure et Stéphane Diagana. Le patrickus montelus est aussi terrible pour s'attacher à n'importe quel athlète français ou d'ancienne colonie française (plus quelques autres aussi), mais manifeste un violent rejet envers les américains, les russes et les chinois, sur lequel il déverse l'opprobre sous forme d'insinuation de dopage. C'est bien, Gezzahr, Essarokh, Cheval, Chouki, Dovy, ça n'a rien à voir. Et que Marie-José Pérec ait eu comme entraîneur le controversé John Smith puis un ancien d'athlètes est-allemandes, ça ne veut rien dire. Puisque j'évoque là les Championnats des Athlètes Français (oui, il paraît que ce sont les Championnats d'Europe, mais on voit surtout les Français, les autres, on s'en fout, ils ne sont pas de notre tribu), autant passer rapidement sur quelques moments forts. Par exemple, Montel qui décide que Halkia a gagné dès l'entrée de la dernière ligne droite de la finale du 400 m haies, et la grecque, qui n'avait pas une avance énorme, qui se fait remonter et coiffer sur le fil, chose courante dans cette discipline. Il y aussi la cause toute trouvée de la (relative) déception Pognon sur 100 m, c'est de la faute au starter. Ben voyons ! On sent surtout le gars aigri de ne pas avoir eu les droits du Weltmeisterschaft et qui ainsi n'a pas pu dézinguer à l'antenne les arbitres. On a aussi vu la victoire de Marc Raquil, avec Nelson Montfort qui l'attire immédiatement vers lui, Montel qui demande à Diagana s'il a quelque chose à lui dire et ce dernier d'ordonner à Raquil de se barrer de la zone d'interview en vitesse pour faire son tour d'honneur. Tour d'honneur émouvant, d'ailleurs, entre les larmes de Baala (non, de Mehdi, parce que moi, je suis pote avec les athlètes, plus encore que Biétry et les footballeurs) et le recueillement de Raquil qui s'interrompt quand la Marseillaise est entonné par une charmante chorale de charmantes suédoises. D'ailleurs, les soldats sont passés de "féroces" à "farouches" et, plus surprenant, ils viennent "écorcher nos fils et nos campagnes". Bon, on se moque, mais ça n'est pas demain la veille qu'on verra Jean-Baptiste Maunier interpréter Skool Offenstrue, l'hymne national des respectables et sains d'esprit. En revanche, une déception dans la performance de Montel, il a beaucoup moins tendance qu'avant à décrire systématiques les femmes athlètes comme jolies. Il faut dire que, concernant Accuff, Arron, Feofanova ou Klüft, d'accord, mais Montebrun, Barber, Block-Pintusevich ou Grit Breuer, il ne faut pas déconner, quand même.

Bon, le docu, maintenant. Un tout nouveau parasite est sorti, il fait une tournée mondiale, vous l'avez vu, vous aussi, près de chez vous : c'est le SRAS. Et des comme ça, on en voit de plus en plus, les anciens microbes font de super come-back et des petits nouveaux percent. C'est simple, nos seuls prédateurs sont les virus et les bactéries. Il suffit de se rappeler quand, en 2002, deux habitants de Santa Fe en vacances à Manhattan. Monsieur se sent mal, croit avoir la grippe et comme madame subit les mêmes symptômes, on y croit vraiment. Jusqu'à ce que l'aine et les aisselles de John se mettent à gonfler, là, on commence à se dire que ce n'est pas la grippe, surtout que John n'arrive plus à marcher. En fait, John et sa femme avaient tout simplement attrapé la peste (fièvre bubonique). Cela faisait un siècle que l'on ne l'avait plus vu à New York, c'est dire la surprise du couple et des médecins. Pour l'occasion, John passera 60 jours de coma. La grande crainte, c'est l'utilisation de ce bacille comme arme de destruction massive (genre, celles qu'il y a en Irak) mais John n'est pas un terroriste, c'est un simple plouc. Mais John est trop atteint pour être guéri, la faute de ce parasite qui vient dans le sang et affaiblit les défenses immunitaires, proliférant dans les vaisseaux jusqu'à éclatement, ça gonfle avec de grosses taches blanches, les reins étaient foutus et les pieds du niveau de ceux de Bakayoko (c'est-à-dire qu'il a été amputé des deux panards). Les chercheurs, pour comprendre, viennent donc au Nouveau-Mexique, ramassent les rats et les brossent pour ramener les puces. Coup de chance, un rat, nommé Floyd, est testé positif, ce qui permet d'isoler le vilain agent qui fait du mal. Après être sorti du coma, il faudra encore huit mois d'hôpital pour que John revienne chez lui.

Et des comme ça, il y en a plein. Par exemple, le germe de la tuberculose est présent chez un humain sur trois. La faute à l'entassement de grandes populations dans des centre ville surpeuplés, après, il suffit d'un éternuement pour que la machine soit lancée. En plus, le germe peut survivre trois mois hors d'un humain et, le simple temps de ce documentaire, 10 000 personnes de plus seront atteintes. On trouve donc un londonien qui a accueilli malgré lui le champion des germes, il a été victime d'infections pulmonaires à répétition et une radio a mis à jour le mal. Ce germe traîne dans les poumons, il attend pépère et quand il veut, il attaque et peut tuer par asphyxie si on ne fait rien. Et chaque toux, ce sont des bactéries supplémentaires qui voltigent, ce qui impose une quarantaine et les masques de Mickael Jackson pour les docteurs. Heureusement pour notre grand-breton, il pourra rentrer chez lui après quelques mois.

Allez, une petite expérience. Prenons un troupeau de rugbymen, on les fait se doucher tous ensemble (avec la savonnette, la biscotte, la robe de Dalida, tout ça), on racle la peau et on fait des cultures pendant 12 heures. Et là, surprise, on retrouve tout un tas de bactéries visibles à l'oeil nu (le tas, pas la bactérie), comme quoi, la douche, ça n'est pas la solution finale (hum, sorti de son propos, elle peut être victime du point Godwin, cette conclusion). Sur l'un, on a même trouvé des streptocoques, bactéries qui peuvent causer de gros maux de gorges comme en avait été victime Al, un animateur radio. Et puis, quand on y fait rien, la jambe gauche a gonflé et devenait indolore. Et, tandis qu'il attend patiemment (ou pas) aux urgences et que les médecins découvrent le mal, l'infection se développe de 2.5 cm par heure, une intervention chirurgicale en catastrophe permet d'éviter le décès de Al. On demande alors à Al s'il accepte qu'on lui enlève la jambe (en bourrin, "à la guillotine" dans le jargon) sinon il meurt, Al accepte. Reste une semaine de souffrance pour Al, mais il est sauvé. Toutefois, la mutation des streptocoques en bactéries mangeuses de chair est rarissime, mais pas inexistantes.

Les virus sont les plus amenés à muter ainsi, ce sont nos plus redoutables prédateurs et en plus, on ne peut même pas les chasser à coups de gourdin dans la tronche. Les plus teigneux sont dans les coins les plus paumés (Amazonie, forêts vierges africaines, Sibérie, Alençon ...). De cette façon, Keith, un infirmier soldat des casques bleus casaques kakis a été victime d'un virus malin en Sierra Leone, celui de la fièvre de Lhassa (ce qui confirme que Thierry Roland a autant de connaissances en géographie que les virus). Avec cette maladie, c'est la totale, on saigne par tous les pores, tous les organes se font béqueter, on souffre, c'est une horreur. Et en plus, le virus ayant colonisé tout le corps, le sang de Keith devient un poison violentissime, le genre de trucs qu'on ne voit que dans un repas privé chez Ioutchenko. Keith doit ainsi être privé de tout contact humain, même sa femme ne peut le voir et les médecins ne peuvent intervenir qu'avec des combinaisons de spationautes et Keith est mis dans une bulle. Mais, et comme on s'en doute vu qu'il témoigne tranquillement, Keith s'en sort. Ce virus est arrivé par de petits rats de la forêt, plus précisément, leurs excréments ou leurs urines (donc, vous l’aurez compris, il vaut mieux éviter d’avaler des merdes ou de la pisse de rats qui ne sont pas nos itimes). En fait, au bout de sept jours, le système immunitaire de Keith se réveille et se décide enfin à combattre le virus (les 35 heures dans la santé, c'est vraiment la plaie).

Pour le moment, la fièvre de Lhassa n'est présente qu'en Afrique (!), mais avec les transports actuels, elle peut arriver n'importe où. Même à New York où on a observé une hausse de la mortalité chez les corbeaux, qui sont paralysés durant le dernier jour de leur vie et meurt en fait de chute. Puis, ce sont les habitants qui sont atteints du même mal, mais ceux qui y échappent voient en songe une vieille noire les invitant à la rejoindre dans sa ferme pour lutter contre une espèce d'épouvantail habillé comme Dick Rivers et avec la tête de René Malville (mais ça, ça n'est pas tout à fait sûr). En l'occurrence, c'était le virus du Nil (le Nil à New York, quand je vous dis que Thierry Roland est un virus !), transmis par piqûres de moustiques. Une fois piqué, une prend une voix nasale et aiguë, on remue comme un zébulon en chantant des inepties comme Alexandrie, Alexandra. Bon, en vrai, dans le documentaire, ils ne parlent que d'altération de facultés mentales dues à un voyage du virus dans le cerveau, mais ma retranscription n'était pas loin. Et pour la première fois à New York, on bombarde la ville d'insecticide, efforts vains car la maladie se répand, il faut vraiment mettre la dose sur tout le pays (sur terre, sur mer, dans les airs et dans les marais), on traque tous les lieux de pontes pour les butes jusque dans les chiottes. Mais ça ne suffit pas, le virus du Nil a maintenant il y a trois ans (date du documentaire) atteint tous les états américains.

Place à une autre star, le virus Ebola, qui peut tuer jusqu'à 90 % de ses victimes, qui peut décimer une communauté plus sûrement qu'un ouragan ou une chanson de Stéphanie Grimaldi. Un dieu de rentabilité, au panthéon de l'équivalent du MEDEF chez les virus. Malgré tout, on n'est pas encore tous mort de ce virus, ça reste un privilège d'africains. On voit par exemple une épidémie au Congo-Kinshasa, une mère qui s'occupe du cadavre de son fils et, peu après, est à son tour victime. Si on n'a pas de médicaments à l'heure actuelle, certains veinards ont un système immunitaire qui parvient malgré tout à les sauver, mais ça reste extrêmement rare. Le meilleur moyen de vaincre l'épidémie est la fuite du village à chaque cas, le bannissement de chaque malade et un enterrement des victimes aux petits oignons : cercueil couvert de chaux vive, combinaisons spéciales pour les fossoyeurs et destructions de leurs vêtements sitôt l'enterrement fini. Mais Ebola, en vrai, ce n'est rien d'autre qu'un gros bourrin, qui tue avant même que la personne ne puisse transmettre son virus mais une version 2.0, qui conserverait sa létalité en facilitant la transmission, pourrait faire très mal. On a cru en trouver un avec le SRAS, virus alors inconnu, meurtrier, et directement transmissible. Comme pour les vêtements pas cher, il vient de Chine, passe par Hong Kong puis se lance dans une tournée mondiale, récoltant le glorieux titre de Premier fléau du XXIe siècle, juste devant Alizée. Mais c'est la déception, un traitement simple (Hong Kong en quarantaine, un transfert de tous les cas suspects en hôpitaux spécialisés, des détections par la chaleur) a suffit pour le contenir mais méfiance, il peut revenir, encore plus méchant, comme Freddy Kruger.

Plus on voit des parasites, et plus on voit qu'on a trouvé des maîtres, des organismes qui peuvent tous nous niquer et à côté de qui John Rambo n'est rien d'autre qu'un gros payday. Ne vous moquez jamais des parasites, ils sont plus forts que nous. Conclusion : respect, les parasites, et big up !

Publié dans telepoubelle

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article