Allocution de Jacques Chirac

Publié le par Schweinnie

comme le disait Gravelaine au vent mauvais, je suis venu te dire que je m'en vais

Gromanche 11 Mars :

En plus du Cinq ans avec consacré à Ségolène Royal, d'autres grands évènements ont eu lieu dans les programmes télévisés de ce jour. Sur la présidentielle, mais pas seulement, je ne pouvais pas passer sous silence Le maillon faible spécial années 80. Sachez que c'est Jean Schulteiss qui a gagné, en battant en finale Jean-Pierre Mader, alors que le plateau réunissait aussi Vivien Sauvage, Desireless, Jean Cataldo, Léopold Nord, Cookie Dingler et les deux de Partenaire Particulier. Ça n'a absolument aucun intérêt sur le fond, mais ça devait être signalé.

Arrêt sur images s'intéressait aux sondages. D'abord, quelle importance leur donner, comment sont-ils relayés, quelles sont leurs influences ? Bon, bien sûr, les médias jurent leurs grands dieux qu'ils y vont mollo, qu'ils ne s'y fient pas pleinement (France 2 ne relaie qu'un seul institut et TF1 se refusait de les donner) et qu'ils les relativisent (là, j'avoues que je n'ai pas souvenir d'un sondage donné à la télé avec un rappel des marges d'erreur). Dans ces histoires de marges, pour avoir regardé plusieurs fois sur les sites des instituts de sondage, je ne les ai pas vu rappelées là non plus, donc rejeter la faute sur les médias est un peu facile. En effet, on peut se demander pourquoi les instituts ne justifient pas leur prudence affichée en ne donnant pas un score brut pour chaque candidat mais une fourchette. Parce qu'ils jouent avec cette fourchette pour avoir du sensationnel, du vendeur ? Un directeur d'institut reconnaît toutefois que son institut, en faisant des sondages sur des seconds tours avec Bayrou, a participé à l'ascension de celui-ci en le crédibilisant en vainqueur possible alors qu'il était à 10% de figurer au second tour. Bel aveu. Enfin, Judith Bernard a conclu en affirmant que les sondages ne devraient pas être divulgués par les JT, à cause de leur influence potentielle et de leur base branlante, elle s'étonne de se retrouver du même avis que TF1 sur ce sujet. Ce à quoi Roland Cayrol (qui a un Pass spécial "émissions de France 5") répond : "vous avez complètement raison, d'ailleurs, on voit bien qu'en ne parlant pas des sondages, ça permet de s'intéresser aux programmes, de faire des analyses de fond." Boum ! Dézinguer à la fois une contradictrice (oula, c'est français, ce mot ?) de gauche et TF1, en une antiphrase, c'est une belle performance, qui mérite un coup de chapeau.

Bon, l'évènement du dimanche, c'était quand même le baratin de Chichi (qui, à l'instar des merdes à poil du même nom, est d'une utilité peu évidente et pourtant, coûte un fric fou), suivi par 22 millions de téléspectateurs. D'accord, il n'y avait pas de concurrence, mais quand même, c'est un score très important qui montre un intérêt, sans pour autant que ça témoigne d'une intention de vote, distinguo utile quand on voit que chaque camp s'enorgueillit de bonnes audiences. En plus, Médiamétrie, ça reste quand même un sondage, donc Alain Garrigou est plutôt dubitatif devant ces mesures.

Pour la forme, on remarque qu'il a gardé le fond bleu-blanc-rouge du 31 décembre, pour ne pas dire qu'il a plagié la photo officielle de Giscard d'Estaing en 1974 (non, se référer à Giscard, il ne peut pas oser). Pas de lunettes, pas de problème de son comme pour le CPE, il est à fond la caisse. Il entre après la prise d'antenne, là où d'habitude, il est déjà en place, histoire de faire encore plus important et solennel, sachant que sortir de la pièce après un "au revoir", ça fait surtout les fermetures des Enfants de la télé.

Premières paroles : "c'est avec fierté que je me présente". Là, je me dis "oh putain, le con, il y va, finalement" mais en fait, la phrase n'était pas finie : "c'est avec fierté que je me présente devant vous pour vous parler". Sinon, sans surprise, il annonce qu'il ne se présente pas, même si la situation est bien meilleure qu'avant lui, que le chômage recule, que la France avance et comment veux-tu ... Avant tout, il nous l'a joué "pour toi, public adoré", il nous a crié son amour pour nous et pas seulement : "cette France que j'aime, autant que je vous aime". Il nous a aussi donné des conseils, pour après lui, qu'on devait se garder du libéralisme, des compromis avec les extrémistes et du communautarisme. Trois piques contre Sarkozy, alors, soit il veut le voir se planter, soit il le soutient en le dénigrant (sachant qu'il sent le pâté). A noter qu'il nous a aussi dit de "croire en la France", reprenant là le slogan de Balladur en 1995.

Après ces pelletés de terre, ce sont les réactions, émues et admirantes, Ségolène Royal n'est pas trop critique (bel euphémisme), François Bayrou lui donne un "coup de chapeau" et Nicolas Sarkozy rend aussi hommage à son action (surtout en matière de sécurité, pour ces cinq dernières années). Seul son discordant, celui de Jean-Marie Le Pen, reprenant involontairement les Wampas pour demander à le coller en taule. Enfin, le mot de la fin pour Jean-Pierre Raffarin, égal à lui-même : "il a défendu la laïcité en puisant dans la France fille aînée de l'Eglise".

Lendi 12 Mars :

Un grand éclat de rire en voyant la une du Parisien : une photo de Chirac et marqué en-dessous "la catastrophe". Bon, en fait, le titre consacré à Chirac était au-dessus de la photo, ce titre-là était destiné à la photo d'en-dessous, concernant le PSG. C'est vrai qu'il y a comme un mimétisme entre l'histoire de ce club et la carrière de notre président pour deux mois encore (putain, deux mois).

Ce jour-là, Ségolène Royal tenait un meeting devant des intellectuels divers, c'est-à-dire devant des artistes, des philosophes et des scientifiques, mais ça donne l'impression gênante qu'on a un meeting pour les intelligents et les autres pour les cons. Notons que pour Nicolas Sarkozy, c'est l'inverse, c'est le jour où il se rend devant ses artistes et philosophes qu'il fait face à des cons. Surtout, ça permet à chaque camp de compter ses soutiens de vedettes, ce genre de raout (mais non, pas Raoult).

Ainsi, chez Ségolène Royal, on retrouve Philippe Torreton, Marianne James, Jeanne Moreau, Jean-Pierre Azéma, Gérard Miller, Cali, Philippe Sollers, Diam's, Jamel Debbouze, Pierre Arditi, Bernie Bonvoisin, Elie Semoun et je dois en oublier un paquet, il faut dire que c'est une marque de fabrique du PS. En revanche, si Sarkozy en organisait un pareil, on se marrerait bien, avec Doc Gynéco, Pascal Sevran, André Glucksmann, Johnny Hallyday, Michel Sardou, Christian Clavier, Jean Reno et Steevy Boulay (liste non exhaustive). Chez Bayrou, on aurait plus de mal à fixer un concept, entre l'emballement habituel de François Berléand, la sobriété et la finesse de Patrick Sébastien, le mutisme naturel de Jean-François Kahn, pas facile de savoir quel ton donner à la soirée. Et puis, essayez de faire un kem's avec Vincent Lindon, vous m'en direz des nouvelles ! Et puis, il y a ceux qui peinent à trouver de la star, Brigitte Bardot pour Jean-Marie Le Pen, Roger Hanin pour Marie-George Buffet, Guy Carlier pour Olivier Besancenot ... ça sonne creux. Et puis, au fond, on s'en fout, non ? Oui, c'était du remplissage.

Mordi 13 Mars :

Les signatures sont le moteur de l'actualité de cette semaine, il y a ceux qui espèrent et ceux qui renoncent. Ainsi, Edouard Fillias jette l'éponge. Vous connaissez Edouard Fillias ? Non ? C'est normal, ses voisins non plus. Il était candidat pour Alternative Libérale qui, comme son nom l'indique, veut plus de liberté pour nos entreprises brimées par le pouvoir chiraco-communiste. A peine renonce-t-il qu'il annonce son soutien à François Bayrou. Alors, on peut considérer qu'il y a un rapprochement idéologique, mais on peut aussi se demander dans quel mesure les petits candidats manquant leur candidature ne trouvent pas dans leur renoncement une dernière occasion de se faire mousser. Les ponts entre Corine Lepage et l'UDF sont plus anciens, donc le ralliement est plus crédible. Mais les autres ? Car, avant Miguet et Dupont-Aignan (j'anticipe) et après Chavrier et Lepage, Fillias se rajoute à la liste de petits candidats se rangeant derrière Bayrou là où peu voire aucun ne soutiennent Royal et Sarkozy. En effet, imaginez que Fillias (ou un autre petit) se serait rallié à Royal ou Sarkozy, en aurait-on parlé plus qu'avec un soutien au candidat "à la mode" ? Dans quelle mesure ne profite-t-il pas d'un "effet défouloir" que représente Bayrou dans ce soutien ? La seule question à laquelle on peut répondre reste : quel influence aura ce ralliement de Fillias sur l'élection ? Aucune.

Dans le même temps, devant les demandes pressantes de parrainage, un maire a eu l'idée de le vendre aux enchères, l'argent étant destiné à sa commune et pas à lui. Un peu comme les menaces de couper les vivres fait par certains Conseils Généraux ou Conseils Régionaux, mais à l'envers. Cela a au moins le mérite de poser à nouveau la question du bien fondé de cette procédure de sélection des candidats, comme il y a cinq ans, en fait. Et finalement, comme le disent les Poppies : "non, non, rien n'a changé". Euh, oui, qu'est-ce que je voulais dire, moi ? Ah oui, le parrainage vendu aux enchères ! Finalement, c'est Rachid Nekkaz qui emporte la mise mais qui, sur le plateau de LCI, remettant le chèque à l'édile, déchire immédiatement ce parrainage, s'affirmant ne pas être prêt à tout pour être candidat. Ça fait un bon coup de médiatisation, c'est déjà ça.

Le soir, M6 donne carrément du documentaire historique en prime time. Oui, ils osent. De belles images de cadavres décharnés à 21H30, ça met en appétit, sans parler des exécutions sommaires. Le sujet était Staline, sa vie, son oeuvre. Car oui, on peut ressembler à Peppone, avoir le programme de Bayrou, et le pseudonyme d'un acteur vedette, et être plus ou moins responsable de choses qui ne sont pas très classes. Bon, en fait, il y avait un point négatif à ce documentaire, c'était les doublages, on se serait cru dans La cité de la peur, on aurait dit qu'ils s'éclataient à prendre des voix plus impressionnantes les unes que les autres, sans parler de l'intonation qui n'est pas sans rappeler Le jour et la nuit.

Credi 14 Mars :

Ça y est, Jean-Marie Le Pen a ses 500 signatures, et assez facilement, finalement, par rapport à d'autres. C'était bien la peine de pleurnicher pendant un mois, il n'y avait pas de quoi se plaindre autant. Ah, ces vieux, c'est d'un pénible ! Et je n'ai pas eu de patte de fruit aujourd'hui ! Et je n'ai pas été réveillé de ma sieste pour voir Derrick ! Et je ne retrouve plus mes pantoufles ! Et quelqu'un a pris mon chien empaillé ! Et je n'ai pas mes signatures ! Et je ne trouve plus personne pour le bridge depuis la canicule ! Une seule solution, glisser du polonium dans les brumisateurs.

Parlons encore des sondages, car ça fait mal à la tête, par moment. Déjà, on n'a pas que les sondages d'intention de vote, on en a d'autres plus intéressants encore. Par exemple, IFOP qui fait un sondage ... sur les sondages. Ça, il fallait l'inventer ! On apprend donc que, d'après ce sondage, les Français pensent que les sondages sont bidons. Sauf que, si les sondages sont bidons, celui-ci aussi, donc en fait, les sondages sont fiables. Mais alors, si les sondages sont fiables, celui-ci aussi, donc les sondages se gourent. Et ça peut durer plus longtemps qu'un lapin Duracell ! Plus fort encore, un sondage CSA sur les orientations des vedettes. C'est-à-dire qu'on a demandé à des gens s'ils pensaient que Gérard Klein était de gauche ou de droite. Là, il faudra m'expliquer le cheminement intellectuel de celui qui a inventé un tel baragoui. En tout cas, on apprend que, pour les Français (bon, d'accord, le panel), Zinedine Zidane est de gauche, Florent Pagny aussi, alors que Raymond Domenech est de droite. Les intéressés apprécieront.

Enfin, ceux sur les intentions de vote sont tout aussi utilisables, quand on y regarde de plus près. Par exemple, la semaine dernière, CSA donnait Bayrou au niveau de Royal et Sarkozy alors que les autres instituts confirmaient une progression, mais avec encore de la marge pour les deux premiers. Et là, CSA donne Bayrou à la baisse contre un léger reflux ou une stabilité chez les autres. Ainsi, si on regarde le sondage de CSA, Bayrou est maintenant 6% derrière Royal alors qu'il n'est qu'à 2% selon la SOFRES et, vendredi (oula, j'avance sur le calendrier), il arrive pour la première fois au niveau de Royal. En gros, la semaine dernière CSA le mettait dans une meilleure position que les autres instituts et, cette semaine, c'est l'inverse. Là, je me réfère à une source naziste, expliquant que CSA, BVA et LH2 privilégient le spectaculaire et donc, triturent davantage les résultats, que IPSOS, IFOP et SOFRES, qu'on peut considérer comme plus sûr. Et les faits semblent aller dans le sens de cette thèse, CSA a été le premier institut à annonce la quasi-égalité de Bayrou avec les deux gros, alors qu'il avait encore du retard pour les autres et maintenant, CSA peut afficher, en premier, un reflux alors que les autres sont sur une stabilité globale. Tout ceci en notant que Le Pen est placé entre 12 et 14%, ce qui, au pifomètre intégral, me paraît bien peu, avec bien 5% de moins que la réalité. Bon, on verra le 22 avril, ce sera plus simple.

Publié dans telepoubelle

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G
just continues...
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