Français, votez pour moi

Publié le par Schweinnie

rideau !

On termine de fermer boutique, cette fois sur France 3 avec l'émission de débat, troisième et dernière du nom. Lors de la première, on avait entendu parler des valeurs avec Julien Dray (soutien de Royal), Jean-Christophe Lagarde (soutien de Bayrou), Patrick Devejian (soutien de Sarkozy) et Marine Le Pen (soutien de qui vous savez). Pour la deuxième, on discourait des solidarités avec Jean-François Copé (soutien de Sarkozy), Jean-Marc Ayrault (soutien de Royal), Olivier Besancenot et Philippe de Villiers (à leur compte). Enfin, pour celle-ci, on cause des ambitions pour la France, avec trois candidates (Arlette Laguiller, Dominique Voynet et Marie-George Buffet) plus les soutiens de service à Royal (Vincent Peillon) et à Sarkozy (Nadine Morano). La forme reste la même : un reportage pour lancer un thème, des réactions au reportage, des questions par des vrais gens, et des engueulades au milieu.

On commence avec un reportage sur Euroméditerrannée, à Marseille, pour parler de l'emploi. Laguiller part bille en tête en dénonçant la flexibilité et les patrons qui en veulent toujours plus, provoquant ainsi un nivellement par le bas. Buffet en profite pour balancer aussi ses meilleures propositions : un service public de la petite enfance et la sécurité de l'emploi. Commence alors un débat sur les crèches, comment mettre en place des crèches d'entreprise, les modalités de garde d'enfants, tsetera, tsetera. Voynet se plaint que la garde à domicile soit déduite de l'impôt sur le revenu, ce qui fait que ceux qui ne le payent pas (et ils sont nombreux et pauvres) l'ont profond dans le fion (elle n'a pas utilisé ces termes), et demande alors un "panel des modes de garde".

Nouveau sujet : la place des femmes au travail (quel est le phallocrate, au fond, qui a dit "à quatre pattes" ?) et Vincent Peillon qui attaque bille en tête en disant que 4 femmes sont candidates et qu'elles sont toutes de gauche, preuve que la droite n'est qu'un ramassis de machos. Bon, en 2002, il y avait déjà 4 femmes mais 2 de gauche et 2 de droite (Laguiller et Taubira contre Lepage et Boutin). Heureusement, depuis, le PS, le parti de la parité (si j'ai tout bien compris) a pris 20 régions métropolitaines, ce qui entraîne donc une dizaine de femmes à la tête des régions. Ah, non, une seule. Foin de polémiques à deux sous, Buffet veut des négociations sur l'égalité homme-femme et surtout, elle veut quel le partage des charges domestiques soit effectif dans le plus grand nombre de couples, car c'est là que l'égalité doit se faire sentir, avec cette responsabilité parentale, on peut vraiment lutter contre les mentalités. Morano, seule personne de droite sur le plateau, décide d'attaquer quand même, en citant une séance au Conseil Régional de Lorraine, le jour de la Journée de la Femme : 20 personnes s'expriment, 3 femmes seulement, et pourtant, on a la parité pour les Régionales. Elle en profite pour dire que les crèches interentreprises concernent aussi les hommes, avant de se chamailler une première fois avec Voynet sur la représentativité des femmes dans les exécutifs. Finalement, Buffet tranche ce crêpage de chignon en réclamant la proportionnelle, partout.

Puis, le reportage suivant montre une entreprise qui change d'activité pour s'adapter à la mondialisation et qui fait de l'écologie. Buffet réclame alors une aide aux salariés qui font preuve d'innovation, de favoriser la recherche et de créer un pôle public de l'énergie au niveau européen. Voynet explique que l'écologie peut être utile, en créant des normes d'isolation obligatoires pour les logements, en rappelant qu'il faut compter sur l'Etat car Ducros, il ne peut pas toujours se décarcasser tout seul : "partout dans le monde, c'est les pauvres qui vivent dans les endroits délabrés". Puis, elle se dispute encore avec Morano au sujet de l'annulation du canal Rhin-Rhône. On évoque alors la pollution et l'agriculture, Arlette Laguiller sort son sabre pour demander à ce que les vrais responsables soient attaqués : non pas les travailleuses et les travailleurs, mais les grandes entreprises capitalistiques. On se dispute encore au sujet du canal Rhin-Rhône, Peillon annonce qu'il veut modifier les aides agricoles et Buffet surenchérit : il faut changer l'Europe et sortir l'agriculture de l'OMC, pour protéger les agriculteurs.

Puis, on parle du social, avec Airbus, pour commencer. Voynet dénonce le comportement passé de la France ("il y a des actionnaires qui se sont comportés comme des vandales") et Laguiller rejette la faute sur les patrons. Quant à Morano, elle se contente de vanter l'action de Sarkozy pour sauver Alstom, on doit en déduire que lui seul peut sauver Airbus. S'en suit un sujet sur Alcatel, Laguiller répète qu'elle veut interdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices et donner plus de pouvoir aux CE. Les fonds d'investissement suivent, comme sujet, avec le problème des besoins de rentabilité immédiate pour les actionnaires, au détriment parfois de l'entreprise. Buffet veut une "politique fiscale intelligente" et moduler l'impôt sur les sociétés selon le comportement, forcément, avec tant de gens de gauche, il y a des redites. Laguiller veut une transparence totale sur les fonds d'investissement, qualifiés de "prédateurs", et demande la levée du secret bancaire. Morano préfère à tout ça une formation toute la vie, afin de pallier un licenciement. Voynet reconnaît la faillite politique contre les délocalisations, un vrai gens lui rétorque "vous avez tous eu le pouvoir", ce à quoi elle répond "je l'ai eu moins que d'autres, j'aurais aimé en avoir davantage". En même temps, si elle retourne dans un gouvernement de gauche, il serait étonnant qu'elle en ait plus.

On continue avec un aspect éducation. D'abord, la recherche. Voynet veut revoir l'orientation des fonds (crédits d'impôts et subventions), cite les nanotechnologies à Grenoble, qui n'auraient pas besoin de fonds publics et conclut par cette formule de ma grand-mère : "en France, on arrose à faire mouiller". Morano demande à mettre en place des passerelles entre les entreprises et les universités. Enfin, dernier sujet, l'apprentissage. On voit un reportage qui montre Veolia faire beaucoup pour les jeunes, Peille dénonce un "publireportage", tandis que Voynet exprime que l'important, c'est avant tout de changer le regard sur l'apprentissage.

La phase d'avant campagne officielle s'achève donc, depuis le 20 mars, on est entré dans une nouvelle ère. Avant, tout était régi par l'équité (principe qui consiste à attribuer à chacun un temps correspondant à son poids dans la campagne, estimations pifométriques permettant de faire pas mal comme on veut) mais là, jusqu'au 8 avril, on change. On garde l'équité pour le temps d'antenne, mais on passe à l'égalité (tout le monde pareil) pour le temps de parole. Qu'est-ce que c'est que ce distinguo ? Eh bien, le temps de parole, c'est quand cause un candidat ou un soutien, le temps d'antenne, c'est quand on parle d'un candidat ou d'un soutien, fusse par lui-même. Donc, là, on les voit tous autant, mais pour les commentaires, on peut continuer à ne parler que des mêmes. Pour les deux dernières semaines, ça va être égalité pour le temps d'antenne et le temps de parole, sans compter qu'on aura alors aussi les spots télévisés, en espérant qu'il y en aura des aussi marrants que ceux de Bruno Mégret en 2002 (celui où il écarte vigoureusement un noir à casquette qui crie "z'y va" et qui bouscule une petite vieille, je ne m'en suis toujours pas remis).

Sinon, maintenant que toutes sont passées, autant faire un petit bilan des émissions ici traitées des différentes chaînes. Pour cela, j'ai pris mon petit ton de prof sévère mais sévère (ça, oui, je note sec) et jugé tout ça sur huit points que voici, les quatre premiers notés sur 2, les quatre autres sur 4 :
pluralisme : diversité des candidats reçus et équité des temps alloués
attractivité : facilité pour le téléspectateur à assimiler les arguments de candidat
exposition : audience potentielle
pugnacité : opposition rencontrée par le candidat
variété : diversité des thèmes abordés
approfondissement : détail des thèmes abordés
débat : opposition entre les candidats
intérêt politique : adéquation des discussions avec l'élection

J'ai une question à vous poser (TF1) :
pluralisme : 1.5
à part Nihous et Schivardi, les 12 y sont passés avec un temps équitable
attractivité : 1.5 bonne alternance des questions et des réponses, on sait de quoi on parle
exposition : 2 la case reine, le prime time de TF1 en semaine
pugnacité : 0.5 nulle de la part de PPDA (qui ne sert vraiment à rien), mais de temps en temps, un membre du panel asticote le candidat
variété : 1 des problèmes de durite ou de bidet qui fuit, certains thèmes importants (la dette, l'international, l'Europe, les transports, l'énergie ...) passent parfois complètement à l'as
approfondissement : 0.5 une question, une banalité et on passe à autre chose
débat : 0.5 chacun expose sa vue de son côté, mais les candidats ne se côtoient pas
intérêt politique : 1 superficiel et déséquilibré en faveur du candidat
total : 8.5 plutôt une bonne surprise, vu la réputation de TF1, des audiences excellentes mais un fond quand même très léger et une regrettable absence d'opposition

A vous de juger (France 2) :
pluralisme : 1.5 pareil que TF1, la plus grande part à Royal et Sarkozy, une bonne dose pour Bayrou et Le Pen, moins de temps pour les autres, logique
attractivité : 1.5 pareil que TF1, sans la pub pour aller faire ses besoins, mais avec un rappel des thèmes essentiels à la fin
exposition : 1.5 un prime time sur un jour favorable, le jeudi, case rôdée depuis longtemps à ce genre
pugnacité : 0.5 pareil que TF1, mais Arlette Chabot a parfois des remontées de mépris envers les petits candidats
variété : 2 même dispositif que TF1 mais les débats permettent de forcer chacun à se plonger dans des thèmes honnis
approfondissement : 1 les participations d'Eric Le Boucher et, surtout, de Nicolas Hulot permettent de se distinguer un peu de TF1
débat : 1.5 pour les petits candidats, entre eux à la fin, pour les deux favoris, avec Le Boucher et Hulot, pour les deux outsiders, rien
intérêt politique : 1.5 même défauts que TF1, mais des tentatives d'y remédier
total : 11 version semblable à TF1 mais consolidée par des débats qui permettent plus d'approfondissement et un peu de volonté de chercher la petite bête, aspect de l'émission qu'il faudrait privilégier à l'avenir à celle des questions des vrais gens

Français, votez pour moi (France 3) :
pluralisme : 0.5
sorti de Royal et Sarkozy (très présents par leurs soutiens), que de petits candidats, Bayrou et Le Pen sous-évalués, donc, Bové absent en plus de Nihous et Schivardi
attractivité : 1 assez chiant, il faut dire
exposition : 1 même case que l'émission de TF1, mais sur France 3, audience moindre, donc
pugnacité : 1 le genre du débat se prête mieux, mais Audrey Pulvar a tendance à se borner à distribuer la parole sans relancer ou triturer
variété : 2.5 émissions par thèmes plutôt que par candidat, on ratisse plus facilement
approfondissement : 2.5 c'est le principe de l'émission, d'aller au bout des thèmes
débat : 2.5 encore une fois, l'émission est bâtie comme un débat
intérêt politique : 2 le cadre impose de parler de points précis des programmes
total : 13 un débat, un vrai, c'est bien le seul en prime time, avec en plus un accent mis sur le fond, mais un plateau jouant beaucoup sur la bipolarisation au dépend des deux candidats menaçants, et, quand même, c'est chiant

Le grand journal (Canal+) :
pluralisme : 1 les émissions spéciales gardées pour trois candidats, mais les autres ont eu leur part
attractivité : 1 entre les rubriques, les rigolos, les pubs ... dur d'en placer une et donc de suivre
exposition : 1 si la case est accessible à tous, elle est peut exposée (Canal+ est loin du mythe de NPA)
pugnacité : 0.5 aucune ou presque (Apathie, principalement), c'est la récré
variété : 0.5 du blabla sans intérêt profond
approfondissement : 0.5 avec une minute de parole avant une grosse interruption (rubrique), impossible de détailler quoi que ce soit
débat : 1 les réponses sont parfois à porter à distance (via des déclarations dans la presse ou dans la Boîte à questions)
intérêt politique : 1 quelques instants à l'improviste, mais globalement, on est là pour la gaudriole
total : 6.5 tagada prout prout, mais du fond, point, on est dans le divertissement, clairement

En deux mots (France 5) :
pluralisme : 1.5 ils ont osé Nihous, il ne manquait que Schivardi, on peut regretter quand même que la dernière émission n'en soit pas deux (avec ainsi une égalité aussi pour ceux de cette dernière émission)
attractivité : 1.5 alternance réussie d'extraits et d'analyses, regroupées par thème, se suit très bien
exposition : 0.5 en semaine sur France 5, ou alors le samedi soir sur la TNT, il faut le vouloir pour le voir
pugnacité : 1.5 le but est décrypter le discours, et on le fait d'autant plus facilement que le chat n'est pas là
variété : 1 les mêmes thèmes principaux reviennent mais ça n'est pas le but premier
approfondissement : 1.5 on essaye, mais le temps est sérieusement compté (une demi-heure par candidat, voire un quart d'heure pour les quatre derniers)
débat : 0.5 c'est une étude séparée par candidat, donc pas d'interaction
intérêt politique : 2 travail de décryptage intéressant, quoi que parfois sombrant dans le délire explicatif ou la sodomie de diptères
total : 10 pas suffisant pour appréhender l'élection, mais nécessaire par son intérêt, le principal problème est l'horaire et la chaîne, qui permet toutes les audaces mais diminue l'audience

Cinq ans avec (M6) :
pluralisme : 1 grosse part aux quatre gros (avec autant pour les deux outsiders que pour les deux favoris, ce qui est un peu pousser mémé dans les orties), des miettes pour les autres, sans Bové en plus de Nihous et Schivardi
attractivité : 1 grosse part laissée au personnel, mais avec des échanges avec le politique pas toujours lisible
exposition : 1 dimanche après-midi, pas vraiment le meilleur horaire (19H serait préférable) mais il reste bien accessible
pugnacité : 0.5 Bernard de la Vilardière a peu de temps pour intervenir (et paraît du coup surtout agressif), les deux autres sont inoffensives
variété : 1 le temps imparti à la politique est court, donc on reste sur le thème fétiche du candidat
approfondissement : 1 c'est axé sur la personne, le reste, rien
débat : 0.5 rencontre du public avec le candidat, les autres sont à peine évoqués
intérêt politique : 1 c'est plus du people, la politique n'est qu'un alibi
total : 7 centrée sur les personnalités, la politique est peu abordée et à la va comme je te pousse, mais M6 débute dans ce domaine, reste à voir l'évolution

Publié dans telepoubelle

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O
Oui, vous avez bien lu, Sarkozy était au courant des attentats du 11 mars 2004 trois jours avant qu’ils ne se produisent !Flippant non ? La preuve ?  Dans « O Correio da Manhã », premier quotidien on peut lire une interview de Linda de Souza : « Madrid: 11 de Março. Três dias antes. O Ministério do Interior estava ao corrente, ninguém me ouviu »<br /> Traduction : « Madrid: 11 mars. Trois jours avant. Le ministère de l'intérieur (Nicolas Sarkozy, ndlr) était au courant, personne n'a voulu m'écouter. »Vous avez bien lu, Linda de Souza SAVAIT, Linda a AVERTI NICOLAS SARKOZY, mais le ministre de l'intérieur N'A RIEN FAIT POUR EMPECHER CELA. Elle avait également "vu" les tours jumelles s'effondrer avant le 11 septembre, Claude Chirac peut en témoigner : « Está a ver as Torres Gémeas? Claude Chirac, a filha de Jacques Chirac, e o grupo La Harissa são testemunhas. Eu não sabia a quem dizer que o Mundo não ia ser igual a partir do 11 de Setembro: ‘As Torres Gémeas vão cair.’ Ninguém acreditou. »<br /> Traduction : « Vous voyez les tours jumelles ? Claude Chirac, la fille de Jacques Chirca, et le groupe la Harissa sont témoins. Je ne savais pas à qui dire que le monde ne serait plus le même à partir du 11/09: "le tours jumelles vont tomber". Personne ne m'a cru . » Le lien, LA PREUVE: http://www.correiodamanha.pt/noticia.asp?id=237375&p=22&idselect=218&idCanal=218 TOUS ENSEMBLE, NOUS POUVONS CHANGER LE DESTIN DE LA FRANCE ET FAIRE BATTRE SARKOZY LE TUEUR D'ENFANTS ESPAGNOLS. MERCI DE FAIRE CIRCULER CE MAIL A VOTRE ENTOURAGE !!!
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I
Le total des notes étant de 24, ca fait que seul France 3 a la moyenne. Autant dire que ca ne casse pas des briques. J'ai bien fait de ne pas regarder toutes ces émissions et d'attendre ton compte rendu :D.<br /> Continue comme ca, ton blog et tes analyses personnelles sont toujours aussi bien et intéressants.
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B
les 4 premiers critères sont sur 2, les 4 derniers sur 3, 4 * 2 = 8, 4 * 3 = 12, 8 + 12 = 20 ça fait une note sur 20.