A vous de juger

Publié le par Schweinnie

Coupable ! En taule !

Bon, tous les tocards sont passés, on peut enfin rester entre grandes personnes, et recevoir dans la grande émission de France 2 les deux candidats qui comptent et pour commencer, qu'est-né cé qui gringue ? Ma, c'est Sarko superstar ! Youpi !

Arlette Chabot commence par feuilleter l'album de photos avec lui, qui fait mine de ne pas y toucher ("je ne crois pas que ce soit un élément important de l'élection présidentielle") mais qui en fera des caisses, comme à son habitude, à commencer par le désormais traditionnel pour un candidat "rien ne m'a été donné dans la vie". Interrogé sur l'éventuel soutien de Jacques Chirac, il se montre très respectueux (mais il aura beau essayer de chasser le naturel en charter, il reviendra assez vite au galop dans l'émission) : "quelqu'un qui a été douze ans Président et deux fois Premier Ministre, si jamais par extraordinaire il disait que, parmi les candidats, je suis le plus à même à remplir la fonction, ça aura une signification". On lui montre la photo déjà montrée à Bayrou, celle où ils rigolent ensemble dans le gouvernement Balladur, et Nicolas ne veut pas polémiquer ("François Bayrou, c'est quelqu'un que j'apprécie"), mais alors, vraiment pas ("c'est quelqu'un que je respecte"), c'est normal, il est amour. Mais bon, quand même, il dénonce les coalitions à l'italienne car "celui qui dit non est toujours plus fort que celui qui dit oui" (et lui, il ne va pas dans un gouvernement en n'étant pas d'accord, on le voit tous depuis cinq ans). Il se dit "ami" avec Bayrou, ce que ce dernier ne disait pas du tout, au contraire, il est trop affectif, ce Nicolas, ça le perdra. Alors, bien sûr, en ce moment, il est à la mode dans les dîners mondains, ce Bayrou, mais qu'importe, ce qui compte, ce sont les gens, ceux que Nicolas chérit : "ce n'est pas les sondages qui vont faire l'élection, mais les Français". Quant au mauvais coton que Bayrou file à draguer ces gauchistes mal peignés, Nicolas le met en garde, mais gentiment, dans sa nature : "jusqu'ici, François Bayrou a été élu par les voix du centre et de la droite. Il faudra qu'il nous explique pourquoi, depuis 20 ans, il a fait toute sa carrière à droite ... S'il est maintenant de gauche, il faudra qu'il le dise à ses électeurs".

On revoit ensuite le débat furtif entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy à l'occasion des législatives de 1993 et ce qui peut être le seul débat entre les deux, pour peu qu'un individu à grandes oreilles ou avec un oeil en moins s'invite au second tour (oui, ils nous parlent de vrai choix à faire par les Français, mais ils refusent de débattre avant l'entre-deux tours, allez comprendre). Dans ce fameux débat, Royal dit qu'il faut laisser un peu d'espace à la gauche parce que la droite a toutes les régions métropolitaines sauf deux (tiens, tiens), s'emporte violemment contre Sarkozy ("ce que vous dites est totalement à côté des clous") et enfin, termine par une phrase à la construction novatrice : "ce n'est pas parce qu'on est dans l'opposition que nous reconstruirons". Fin du magnéto, Arlette Chabot sollicite une réaction ("elle n'est pas facile") et Sarkozy répond avec beaucoup de classe : "vous voulez dire qu'elle n'a pas changé ?" Il poursuit en défendant sa conception de la fonction présidentielle, non sans allusion fine : "un Président, ça n'est pas quelqu'un qui vient dire à la télé «mes pauvres» et qui prend la main, et quand ça va mal, qui tapote sur la main". Bon, c'était peut-être destiné à Royal, mais ça vise quand même bien Chirac aussi. De toute façon, le pathos, Nicolas ne donne pas dedans : "ne le répétez pas trop fort, mais j'ai un coeur, il bat à gauche, il bat aussi vite que les autres, mais je suis pudique et je n'expose pas mes douleurs". C'est vrai que Nicolas n'est pas du genre à jouer du violon comme Royal ou à y finir comme Chirac.

Bon, les amabilités d'usage, c'est bien gentil, mais il est tend d'attaquer le programme. Et là, fini les lamentos, les mots doux et toutes ces chiacayades, on part plein pot : "je veux créer un Ministère de l'Immigration Nationale et de l'Identité Nationale". Tout de suite, ça donne envie. Surtout les deux ensembles, ça fait un bel attelage, garanti sans amalgame et sans doigt pointé vers les autres. Le problème de l'identité française, ben c'est les étrangers, donc on va mettre tout ça dans le même ministère. Mais il y a d'autres propositions phares, comme la possibilité de travailler plus pour gagner plus, avec ce grand classique de la rhétorique sarkozienne qui l'usage de questions : "à quoi ça sert, les RTT, quand on n'a pas de quoi payer des vacances à ses enfants ?" Une autre envie clamée : "je veux faciliter l'accès à la propriété de son appartement". Comme le PS, il en appelle à un vrai second tour ("il faut que les Français tranchent, on n'a pas pu trancher en 2002"), dirait-il par là que s'il se trouvait au second tour contre Le Pen, on n'aurait pas de vrai choix ? Il lance encore une pique à Chirac, c'est plus fort que lui, il ne peut pas s'en empêcher : "la République se remplit de nominations impartiales, je veux arrêter les nominations de complaisance". Debré appréciera. Enfin, il veut changer la façon de faire sur un autre point : "je souhaite que le Parlement ait plus de pouvoirs".

Comme sur TF1 et France 3, il y a un panel d'intervenants de la vraie France, des vrais personnes, avec de vrais problèmes (pas nous, donc), débute ainsi un débat de macroéconomie entre Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle, président de l'UMP, ancien Ministre du Budget, ancien Ministre de l'Economie, et Paulo Teixeira, chômeur (mais on peut l'appeler Paulo, comme Nicolas le fait, d'ailleurs, comme il appelle les gens par leur prénom, je fais pareil avec lui). Le problème, voyez vous, Paulo, c'est que ça va mal : "depuis 2 ans, nous avons un point de croissance en moins que les autres". Bon, on se demande qui est le président du parti au pouvoir depuis 2 ans, ce nullos qui nous enlève de la croissance mais Nicolas est chou, il ne balance pas. D'ailleurs, le problème remonte à avant : "depuis que nous avons fait les 35 heures, il n'y a pas un seul pays qui a suivi". D'abord, diminuer les postes dans la fonction publique, il le faut : "20 000 douaniers. Effectif constant depuis 1980. Sauf qu'entre-temps, les frontières ont disparu". Pas toutes, il reste les ports et les aéroports, mais on ne va pas chicaner, d'autant que Nicolas n'a rien contre les fonctionnaires : "je n'aime pas la façon dont on parle des fonctionnaires dans ce pays, mais". C'est marrant, on le voit venir gros comme une maison, ce mais, avec le biscuit qui va bien, suppression massive de postes. Et tout ça, c'est du patriotisme, Paulo : "j'aime la France et qu'est-ce que je veux pour mon pays ? Qu'on y crée des richesses". Il fait alors encore son discours sur ceux qui se lèvent tôt, par oppositions aux assistés et caricature quelque peu (mais alors, vraiment pas beaucoup, un chouia) la concurrence : "Madame Royal dit «c'est scandaleux, il y a des entreprises qui font des bénéfices»". Alors, faisons ce qu'il nous dit : "on fait quoi ? On continue de faire la fortune de la Belgique, de Monaco, de la Suisse ?" Johnny Hallyday a le tiercé dans l'ordre.

On continue à parler économie, c'est le grand thème de toute la première heure, et c'est plus compliqué que courser les brigands, comme thèse à défendre. Dans ses soutiens bien placés, figure la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, pourtant étiquetée à gauche (preuve que le nucléaire, ce n'est pas sûr, il y a des choses qui ne correspondent pas à la nomenclature), mais ça n'est pas un problème pour Nicolas : "Anne Lauvergeon a été la collaboratrice de François Mitterrand, ça n'est pas une raison pour qu'elle ne soit pas ma ministre un jour, ça n'est pas ma conception de la politique". Bon, déjà, on peut enculer une mouche sur le "ma ministre", puisqu'on est avant tout ministre d'un gouvernement et le chef du gouvernement, c'est le Premier Ministre. En plus, Nicolas, il peut travailler avec des gens de gauche, ça n'est pas un problème, alors que si c'est Bayrou, là, ça fait monter le FN et c'est la IVe République. De toute façon, les 35 heures, c'est une aberration : "comment on va aider les Français à augmenter leur pouvoir d'achat en leur disant de travailler moins ?" Non seulement, c'est mauvais pour les Français, mais en plus, ça coûte bonbon : "nous payons 17 milliards par an pour empêcher les gens de travailler". Car au fond, ce qu'on veut tous, c'est trimer, et Nicolas va nous y aider : "je veux une société qui récompense le travail, le mérite, la récompense". Oui, il est le candidat qui veut récompenser la récompense ! Plus techniquement, il demande aussi la fusion de l'ANPE et de l'UNEDIC et s'inspirer de l'Angleterre de Blair pour la suppression des allocations quand on a refusé trois offres valables.

Nicolas, c'est aussi du bon sens : "pourquoi j'ai décidé de donner les allocations familiales dès le premier enfant ? Parce que pour avoir un deuxième enfant, il faut en avoir un premier". Sur l'assurance maladie, il a une autre idée : "je propose de créer une franchise, de quelques euros". Chabot demande du détail : "combien ?" Réponse limpide : "il faut en débattre". Entre alors le journaliste pour l'interview spéciale, comme pour les autres, mais ils n'ont jamais le même. Le Pen avait eu Alain Duhamel, Bayrou était confronté à Gilles Leclerc, eh bien pour Nicolas, ce sera Eric Le Boucher (rien à voir avec Cubiller), pour encore parler d'économie. Evidemment, l'actualité, c'est Airbus et Nicolas est ferme dans son flottement : "toutes les personnes sérieuses disent qu'il faut un plan. Est-ce que ce plan est Power8 ? Je n'en suis pas sûr". Il précise aussi sa pensée globale sur l'économie : "moi, je suis libéral, mais ça ne veut pas dire que l'Etat doit regarder passer les trains". Il défend aussi la fusion GDF-Suez et se pose en sauveur d'Alstom, de la privatisation, de la participation de l'Etat, ça dépend, il faut voir, tel est son nouveau credo.

Et après cet intermède, le face-à-face avec les vrais Français (dont nous ne faisons pas partie) reprend, toujours sur l'économie, avec cette fois la question de l'euro : "je n'accepte plus l'utilisation de l'euro dans notre pays". Alors, pour un européiste convaincu comme lui, ce genre de sorties, ça la fout mal, donc il explique : "j'ai voté pour l'euro, mais on n'a pas fait la deuxième monnaie de monde pour ne pas s'en servir". Après avoir montré qu'on avait trop de douaniers et qu'il fallait sabrer dans la fonction publique là où c'est nécessaire, il peaufine : "je ne souhaite pas réduire le nombre de fonctionnaires". Et le virage se poursuit, avec maintenant une déclaration d'amour pour une corporation trop décriée : "je respecte les enseignants, qui font un boulot remarquable, et qui n'ont pas la considération qu'ils méritent, mais combien ont leurs enfants en ZEP ?" Ah, oui, forcément, il y a un mais et une question pernicieuse. En gros, on doit comprendre que les enseignants aiment leurs élèves, mais préfèrent leurs gosses et qu'ils n'hésitent pas à faire l'inverse de ce qu'ils prônent pour leurs protégés. Là encore, Nicolas sait : "je souhaite qu'on revienne aux fondamentaux de l'école de Jules Ferry". Non, pas l'école de Luc Ferry, quand on était obligé d'envoyer le Ministre de l'Intérieur négocier avec les professeurs car le Ministre de l'Education était trop détesté. Celle de Jules, avec les barbiches, les blouses noires et l'amour de la France.

On change (enfin) de sujet avec les banlieues, histoire de remettre Nicolas dans son élément. Et là, un coup de bâton : "la première chose, c'est qu'il faut débarrasser les quartiers des trafics et des trafiquants". Avant, c'étaient des couilles molles, ça changer, qu'on se le dise : "nous avons été trop permissifs avec ceux qui n'ont pas respecté leurs voisins". Il pointe du doigt un autre problème, l'accent mis sur les immeubles plutôt que sur les habitants : "nous nous sommes trop occupés des bâtiments et pas assez des gens". Et pour les gens, un coup de bâton : "la France est un vieux pays, où ils ont tous les droits, mais aussi tous les devoirs". A ce moment, il entame une autre figure adorée, l'exemple frappant. Ici, il parle d'une prof poignardée par un élève de troisième âgé de 19 ans : "voulez-vous me dire ce que fait un élève de 19 ans en troisième ?" Une question à réponse évidente, toujours. Arlette Chabot lui demande alors quand est-ce qu'il va aller encore en banlieue, histoire qu'on prépare les cocktails Molotov, il dit qu'il peut s'y rendre sans problème, mais que là, tout de suite, il n'a pas le temps, mais plus tard, peut-être. Enfin, il n'oublie pas un clin d'oeil aux fans de Jean-Pierre Raffarin : "je suis pour l'ordre et pour le mouvement". Résumé de sa politique de sécurité : "je privilégie la victime au délinquant".

Enfin, un débat contre un ancien candidat retiré, Nicolas Hulot. Et voyant entrer cette personnalité aimée, le public s'exclame : chouette ! Hulot ! (cette blague n'est pas de moi mais je ne donnerai pas son auteur, il vit à Alençon, c'est un châtiment suffisant) Nicolas balance sur Ségolène Royal qui veut réduire la production d'énergie par le nucléaire, en disant que cela va entraîner une augmentation de la production par charbon, qui est le plus polluant. Il joue encore la carte du bon sens bien de chez nous en prenant à partie une personne du public : "madame, elle habite dans le Finistère, on ne peut pas lui demander de compter sur les transports en commun". Les habitants de ce département apprécieront de se voir qualifier de ploucs qui ne connaissent ni le train ni le bus. Et monsieur le libéral, quand il veut sauver la planète, il a sa solution, à savoir, un coup de bâton : "les Suisses et les Allemands ont interdit le transit routier sur leur territoire, et on se tape tous les camions ! Alors, je demande qu'on taxe le fret routier". C'est bête, il aurait aussi pu demander une incitation à utiliser le fluvial ou le ferroviaire, pour ne pas nuire à la compétitivité de nos entreprises mais, dans une séance de table tournante, Jaurès et Blum lui ont dit de taxer, alors il taxe. Cela dit, l'écologie, ça fait bien entre bayrouistes la bouche pleine de caviar dans les vernissages, mais pour en faire, il faut que l'économie marche : "c'est bien beau, de dire que la croissance ne fait pas tout, mais comment on paye les incinérateurs ?"

A noter aussi ce dialogue assez incroyable, on croirait qu'ils parlent de la loi Sarkozy sur le racolage passif et la lutte contre la prostitution, mais non, il s'agit bien de diversité animale.
Hulot : "La morue a disparu de Terre-Neuve."
Sarkozy : "Et le maquereau ? Et le hareng ?"
Nicolas n'oublie pas aussi de flatter deux catégories qui ont le bon goût de voter à droite : "concernant les agriculteurs et les chasseurs, j'en ai assez qu'on les prenne pour des ennemis". Avant de clore la soirée, Arlette Chabot fait la promotion du livre de Catherine Nay, hagiographie de Nicolas. Comme Le Pen et Bayrou avant lui, il doit aussi signer ses engagements à la palette graphique récupérée dans l'ancien bureau de Bernard Chenez, mais il a du mal à utiliser l'engin. La chose fait, il se demande que faire du stylet ("je ne le garde pas ?") mais se fait casser par Arlette Chabot ("non, vous ne saurez pas vous en servir"). Enfin, avant de rendre l'antenne, elle donne à ce grand supporter du PSG le résultat du match contre Benfica en ces termes : "le PSG a gagné, ce n'est pas toujours le cas".

Publié dans telepoubelle

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R
Pour un mec qui écrit  "C'est un patelin de bouseux", c'est vraiment l'hôpital qui se fout de... d'Alençon !
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W
VIVRE A ALENCON UN CHATIMENT ??Mais franchement tu te prend pour qui pour dire ça ? T'as vraiment du culot toi t'es une GROSSE merde ! C'est un patelin de bouseux tout mignon et toi tu doit être franchement laid et con !c super calomnieu et discriminant et tres un gras de ta par et je pense ke g bien deja 25 000 personne qui tediron la meem voir + si le message est diffuser ! un peut de respect pour les particuliers et passionner fabrikan de fraomag richmon et au nom de se qui est aussi un etre vivant car que peut t on respecter si ont ne respect pas se qui vie ! que tu nem pas les alenssonai soi mai de la a les califier par des injure comme si c etais une veritee reconut je trouve sa tres honteux et espere que tu retirera cette phrase tres blessante En plus du devrais me remercier grace a moi ton misérable blog a 1comm en plus .Whay taigue
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