En deux mots

Publié le par Schweinnie

mais non, ça n'est pas une partie de Pyramide

Dredi 9 Mars :

Le dredi, c'est En deux mots, l'analyse du verbe des candidats, sur France 5. Pour cette semaine, Nicolas Sarkozy vient remuer ses petits bras secs et Marie-George Buffet vient jouer de son 45 tours.

D'abord, Sarkozy, qui n'hésite pas, en meeting, à citer ce grand penseur qu'est Johnny Hallyday, avec "l'envie d'avoir envie" car Sarkozy, ce qu'il répète, c'est qu'il veut rendre le moral aux Français. Pour le décor de ses meeting, on note une ressemblance surprenante avec Mitterrand : même costume, une table, un pupitre, la même lumière et le même fond vert imitation jardin. En revanche, le discours est, lui, celui de la droite traditionnelle : le travail, le mérite, la récompense. Cela dit, contrairement à d'autres, il s'assume comme de droite. Pour la forme du discours, pas de chichi (rien à voir avec les animaux fiers et beaux), il utilise rarement les métaphores (et quand il le fait, ça n'est pas heureux, comme avec le Kärcher), il parle avec les termes des gens de la rue, il n'est pas un intellectuel et n'essaie pas de se faire passer comme tel.

Contrairement à Le Pen qui théorise beaucoup, Sarkozy, lui, il parle de son travail concret, il raconte la vie de tous les jours. Très visible, il a deux tics de tête : il la rentre dans le torse (comme une tortue) pour changer d'idée et l'incline brutalement sur le côté pour appuyer une thèse. Maintenant, à chaque fois qu'on va le voir parler, on va y penser, c'est malin. Sur scène, il fait des gestes vifs et contenus, comme pour dire qu'il peut beaucoup mais qu'on le bride. Après, ça peut donner espoir ou faire peur, un peu comme son discours.

Comme l'insécurité, c'est un peu faible pour faire campagne, il faut autre chose. Un tiers d'impôt en moins, ça ne peut pas marcher deux fois, alors il préfère se maintenir dans le même cadre et élargir de l'insécurité à l'autorité. Il parle aux couches intermédiaires (le fameux vocabulaire de la France qui se lève tôt), cherche à les séduire, ces voix qui avait manquées à Jospin en 2002. En France, on n'aime pas le libéralisme, alors faire passer un discours libéral, c'est plus balèze qu'un poussin. Pour cela, Sarkozy part de la vie quotidienne pour camoufler sa vision économique en du bon sens bien de chez nous. De là, vient le droit aux salariés de travailler plus pour gagner plus, sans bien sûr rappeler que ces heures supplémentaires, ça dépend aussi quand même du patron, qui n'est pas mentionné quand il se lance là-dessus. De même pour son discours sur la croissance, il part du trivial pour poser un argument peu évident : on peut donner plus sans prendre plus, c'est une histoire de gâteau à partager, mieux vaut maintenir les parts et grossir le gâteau qu'augmenter la grosseur des parts en diminuant le gâteau.

Sarkozy, c'est aussi de grosses contradictions. Par exemple, il dit que l'immigration est un sujet tabou qu'il est le seul, là, maintenant, tout de suite, à aborder, qu'il n'y pas de loi sur ce sujet ... alors qu'il en a fait lui-même. De plus, l'immigration est débattue depuis trente ans, ce qui rend faible le tabou. Même ordre d'idée, son refus de l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne, justifiée par le fait que la Turquie n'est pas en Europe, malgré la Thrace et sa place dans l'Histoire de l'Europe. Comme il s'agit pour lui de faire élire une personne, il utilise à fond le "je", il personnifie fortement le discours, ce n'est pas l'UMP pour qui on doit voter, mais Sarkozy. Enfin, il veut faire la rupture, mais c'est encore une thématique qui laisse les Français dubitatifs. La rupture est en effet perçue comme un risque de perte de nos protections, alors, pour la faire passer, il extrapole sa rupture comme une rupture avec tout ce qui ne va pas actuellement.

Deuxième discours analysé, celui de Marie-George "red is dead" Buffet. Elle est communiste, alors elle montre son militantisme chez les pauvres, la distribution des tracts mais, comme c'est la patronne et pas un cégétiste à béret, elle est plus respectée par les gens, c'est à elle qu'on vient prendre le tract, alors que l'autre qui l'accompagne, tout le monde s'en fout. Elle appartient à la génération d'avant, de l'ancienne politique, sans le besoin de faire de la communication ou de soigner ses passages télés. Buffet peine à définir vraiment le communisme, maintenant que le "grand frère" soviétique n'existe plus, alors elle en donne une définition très vague avec une accumulation de valeurs qui peut tout aussi bien correspondre au ... catholicisme. Un comble. Il y a tout de même une grosse évolution dans le fonctionnement du parti, c'est la fin du centralisme de l'appareil. Désormais, il y a une base qui peut parler, une opposition, des débats.

C'est donc laborieux dans le discours théorique, mais ça devient crédible lorsqu'une cible personnalisée et caricaturale (de préférence, Laurence Parisot, mais n'importe quel autre patron peut faire l'affaire) est identifiée. Elle se place ainsi dans le "nous contre les autres", avec les patrons dans le rôle des autres. Buffet tient aussi un discours de lutte contre la fatalité de la mondialisation, ce n'est pas par parce que c'est comme ça que ça doit toujours durer. Son idée première, c'est la redistribution des richesses, la question de leur production, on verra ça plus tard, c'est moins important. En fait, Buffet tient un discours semblable à celui de Mitterrand en 1981, celui de la rupture avec le capitalisme et des nationalisations massives. Elle joue aussi grandement sur la défense du service public, thème cher aux électeurs. Alors que le PC était répressif contre l'immigration dans les années 1970, il tient maintenant un discours inverse, on veut régulariser les sans-papiers et donner aux étrangers le droit de vote aux élections locales, voilà la nouvelle position des cocos. Le PC subit désormais une concurrence féroce à l'extrême-gauche, mais il distingue des trotskistes par une meilleure force de propositions, elle est ainsi l'extrême-gauche réaliste, de gouvernement. Enfin, si le PC est maintenant faible politiquement, il reste actif culturellement.

Sadi 10 Mars :

Les signatures, on est en plein dedans, et Jean-Jacques Aillagon réussit à rappeler à tout le monde son existence et à passer à nouveau à la télé. Pour cela, il propose d'offrir son parrainage à un candidat en galère tiré au sort. Et le vainqueur est ... Olivier Besancenot. Comme quoi, les intermittents du spectacle politique, il les préfère à ceux de la culture.

Les étrangers aussi connaissent les élections, c'est fou, bientôt, on apprendra qu'ils ont l'eau potable. Par exemple, l'Irlande du Nord, pour ce week-end. Hélas, ils font un bien mauvais choix, avec une coalition entre les unionistes et le Sinn Fein. Vraiment, c'est une idée à la con, pas réaliste une seconde, les Nord-Irlandais ont besoin d'un vrai choix à faire, de ne pas être privé d'un grand débat. Et puis, on fait une coalition, et après ? Qui il reste dans l'opposition ? Les extrêmes, et c'est ça qu'on veut pour nous enfants ? Allons bon !

Artistes engagés, il n'y a pas que Doc Gynéco et Pascal Sevran, il y en a aussi des talentueux. Mais aussi d'autres qui ne le sont pas. Par exemple, Philippe Torreton, invité chez +Clair pour parler du téléfilm d'adaptation de Maupassant dans lequel il joue, n'a pas pu s'empêcher de parler de sa vision des choses et, attention, ça fait mal. Bon, on peut quand même reconnaître que ça s'améliore, dans sa tête, il ne se prend plus pour Jaurès comme en 2005 après l'avoir joué dans un téléfilm, soyons honnête. Et quitte à être honnête, reconnaissons aussi qu'il ne peut pas être plus risible que dans Les rois maudits version Josée Dayan, avec un costume par personne, des filtres hideux dans tous les sens, des jeux d'acteurs grandiloquents et des décors dignes de Harry Potter. Sans parler du tournage qui, au lieu de se faire en France, a été fait dans un pays de l'Est (du calme, le Chuiche, c'est une expression), pour ne pas dire délocalisé pour question de rentabilité. Mais bon, restons sur l'engagement personnel de Torreton.

 
Il commence par clamer que le service public doit diffuser des oeuvres culturelles (je ne sais pas s'il y compte la série déjà évoquée), que le contenu doit passer avant l'audience car c'est un service public, et toutes ces sortes de choses (que je pense aussi, d'ailleurs). Dauchez s'esbaudit alors : "mais c'est un discours intéressant, pourquoi les Ministres de la Culture ne le tiennent pas ?" Il y avait le pluriel, mais il n'a pas pris garde et maugrée "parce qu'il appartient au mauvais gouvernement". Dauchez relance alors : "mais il y a eu des ministres de droite et de gauche, et ils n'ont jamais tenu ce discours ?" Et là, première séance de rameur. Puis, l'interview passe, et maintenant, le voilà qui dénonce les liens personnels unissant Martin Bouygues et Nicolas Sarkozy, discours qui n'est pas attaquable en soi, mais encore, il en fait trop et ça lui revient dans la gueule. En effet, Dauchez lui dit qu'il tient le même discours que Bayrou, ce à quoi il répond : "oui, Bayrou, il dénonce ça aussi, il a raison, mais quand il est venu sur TF1, il n'en a pas parlé, il n'a rien fait et ça, c'est caractéristique du centrisme". Dauchez le reprend aussitôt, en lui objectant que Ségolène Royal, sa chouchoute, n'a pas plus dénoncé ces liens sur le plateau de J'ai une question à vous poser. Deuxième séance de rameur pour Torreton. Allez, c'est bien, ça fait les pectoraux.

Enfin, les Victoires de la Musique, l'occasion de voir des artistes jouer et chanter pour de vrai en prime time, c'est quand même ce qui est intéressant dans l'émission, bien plus que les distributions de trophée. Jack Lang était dans la salle, bien sûr. En revanche, il y a une coutume depuis quelques années qui nuit au charme de cette cérémonie. Avant, les intermittents du spectacle étaient représentés par un individu mal rasé, inconnu au bataillon, qui parvient sur scène essoufflé d'avoir franchi plusieurs barrages et surtout, à un moment complètement imprévu. Alors que maintenant, c'est devenu un passage obligé, institutionnalisé, prévu dans le programme. La nouveauté cette année, c'est que le Ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, a ensuite pris le micro pour répondre, il a vasouillé quelques banalités et s'est fait siffler, de toute façon, si ça se trouve, dans deux mois, il n'est plus là. Autre nouveauté pour cette année, bien meilleure, celle-là, à chaque discours de vainqueur, l'orchestre se met à jouer au bout d'une minute, pour qu'il se taise et laisse l'émission continuer dans les temps. Agnès Jaoui, ainsi sanctionnée, s'est plaint d'un manque de respect dans ce dispositif pour les artistes mais Nagui a alors rétorqué que déborder est aussi un manque de respect, pour ceux qui doivent passer après. Agnès Jaoui a, en plus, dû subir l'intervention d'un intrus, car il y en a quand même eu un. En effet, pendant qu'elle chantait (et donc, que dans le public, on regardait sa montre, on baillait, on discutait ou encore, on explorait une cavité nasale, de préférence la sienne), un individu a jailli des coulisses pour prendre le micro et dire qu'on pouvait guérir du cancer avec les plantes. Il a été vite sorti, mais pour punir le service d'ordre négligeant, on a eu double ration d'Agnès Jaoui qui chante.

Publié dans telepoubelle

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M
Avec vous non plus hein.<br /> Bizettes
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S
masturbation d'intello<br /> avec vous on fera rien
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