A vous de juger [2/2]

Publié le par Schweinnie

on se demande quand la personne représentant la gauche sera invitée

Travail toujours, mais au sujet des délocalisations. D'abord, c'est fini, la fête du slip : "les entreprises seront priées de rendre des comptes". Ensuite, puisque Sarkozy lui a piqué Jaurès, elle, elle réplique en lui volant Michel Sardou et en donnant ainsi du je suis pour : "je suis pour que l'Europe se protège", "je suis pour des aides aux nouveaux entrants dans l'Union Européenne, comme on l'a fait pour l'Espagne et le Portugal, un Plan Marshall pour l'est de l'Europe". On a vu qu'elle s'était fait engueuler par une prof à la retraite, ça a continué avec une chômeuse, mais aussi avec un patron. Au milieu de ce tir nourri, elle garde le cap, à gauche toute : "je suis contre l'assistanat, aucun soutien ne doit être donné sans contrepartie". Ah, euh, non, en fait. Notez qu'il y en a qui ont été aimable dans leurs questions, comme par exemple Mohamed, sans-papier depuis 5 ans, l'interrogeant à ce sujet par webcam. Pour tous les sans-papiers, je ne sais pas, en tout cas, le Mohamed, il risque de découvrir que les RG regardent France 3 et se retrouver dans un charter mais sans Jean-Luc Delarue dedans, on sait être humain, quand même. Elle avance aussi une autre mesure, le service civil, mais modulable : "le service civil obligatoire ne fera pas forcément six mois, il peut être échelonné et il peut avoir un cadre militaire". Elle se dit aussi pour le mariage homosexuel, comme quoi, elle sait évoluer et, après cette question, Arlette Chabot annonce poursuivre dans ce domaine et relance sur ... l'euthanasie. Pascal Sevran, lui, aurait plutôt posé cette question après la politique africaine.

Entre alors un nouveau comique involontaire : Eric Le Boucher. Lui, on dirait qu'il s'excuse quand il pose une question, il n'ose pas couper la parole quand l'autre en face se fout de sa gueule, bref, l'avoir en interlocuteur, c'est du gâteau. Hélas, Arlette Chabot veille au grain et se charge de faire les rappels à l'ordre (juste ?) que l'autre est incapable de faire. Il est censé titillé la candidate sur les questions économiques mais en fait, c'est Arlette Chabot qui conduit l'interview et demande de temps à autre au petit de poser ses questions. Déjà, Royal tient à ne pas considérer la dette publique comme un grand tout : "il y a la bonne dette, qui permet d'investir, et la mauvaise dette".

Au début, il se veut audacieux, et il ose : "est-ce qu'on est riche à partir de 4000€ ?" La réponse sera claire et limpide. D'abord, l'allusion à la politique fiscale prônée par François Hollande étant évidente, elle explique la nécessité de l'impôt : "l'impôt doit être juste et l'impôt doit être accepté par les citoyens". Ensuite, elle vient rappeler qu'avec son programme, on aura voix au chapitre : "nous mènerons la guerre à tous les gaspillages, les Français seront associés à un budget participatif". Qu'est-ce qu'un budget participatif ? On ne saura pas, mais on sait qu'on en aura. De toute façon, cette question de l'impôt, elle est secondaire : "l'outil fiscal doit être au service du développement économique, ça n'est pas une fin en soi". Là s'arrête la réponse, vous aurez tous compris si on est riche à partir de 4000€ ou pas.

Maintenant, ce que veut Royal, c'est mettre en avant le travail : "la droite a privilégié la rente au travail, moi, je veux réhabiliter la valeur travail". Compris, les glandos ? Et puis, elle veut aussi sortir de la démagogie du choix, oui, on peut avoir le beurre et l'argent du beurre, si on s'y prend bien : "en donnant du pouvoir d'achat aux petites retraites, je redonne du poids à la croissance, on ne prend pas à une partie pour donner à l'autre". Eric Le Boucher voulant parler d'économie à fond, elle l'envoie joliment chier : "je ne répondrai pas aux questions techniques qui relèvent d'un Secrétariat d'Etat au Budget ou d'un Ministère des Finances". T'as compris, le binoclard ?! Tu veux les détails sur tes bricoles, tu vas voir les types que ça intéresse ! Royal, elle est là pour les grandes lignes, pas les petits points, ainsi, sur les retraites : "le critère essentiel, c'est de calculer la durée de cotisation en fonction de la pénibilité du travail". Et s'il faut de l'argent, on reverra les dépenses : "je veux un état fort mais pas un état étouffé par la bureaucratie". Pour ce faire, on va utiliser la décentralisation, en donnant plus de responsabilités aux régions et aux départements : "il y aura un transfert des tâches vers les collectivités locales pour éviter les doublons". Du coup, les universités comme les aides économiques aux entreprises, vont être du ressort de ces collectivités, dans un cadre défini par l'état, en résumé : "ce sera un ordre local juste". Et pitié, ne venez pas dire que ça ressemble à du Raffarin, il est de droite alors que Royal, elle est de gauche, ce n'est pas pareil.

On commence à être à la bourre sur l'horaire, donc Arlette Chabot demande à chaque question de répondre brièvement et à chaque fois, il faut insister pour aller à l'essentiel. Le Boucher est partie au bord des larmes, et on attaque l'Europe (c'est une image, hein, on n'envoie pas le Charles de Gaulle en Mer Baltique). D'abord, la France doit tenir son rôle : "je veux que la France revienne à la table de l'Europe, et que l'Europe se relève". Alors, il y a eu le NON, mais c'est normal, on ne voit pas assez ce qu'apporte l'Union Européenne : "il faut l'Europe par la preuve : la recherche (comme avec Airbus), l'environnement ..." Airbus, c'est l'Union Européenne, on en apprend tous les jours. Sur la question de la Constitution, ça n'est pas essentiel, au fond : "les institutions sont au service des projets et pas l'inverse". Quant à l'entrée de la Turquie, elle est pour un référendum, afin que les Français aient le pouvoir de s'exprimer, ce qui ne veut pas pour autant dire qu'elle n'a pas d'idée sur la question, bien sûr, elle en a une, mais elle la garde pour elle pour l'instant car la situation peut évoluer d'ici au référendum, mais en temps utile, elle la donnera.

Comme pour Sarkozy, en plus d'Eric Le Boucher, elle a à faire face à Nicolas Hulot, qui rappelle d'emblée les enjeux : "si toute la planète consommait comme les Français, il faudrait trois planètes". Tout de suite, ça calme. Mais pas de panique, Royal a des pistes et la personne pour les appliquer : "je nomme un vice-premier ministre responsable du développement durable". Elle dit avoir le nom de cette personne en tête, mais elle ne le donne pas. Donc, elle admet le changement nécessaire : "il ne faut pas raisonner aujourd'hui sans tenir compte des nouvelles énergies". Ça doit même être intégré à la politique globale : "ma conception de la nouvelle croissance, c'est trois piliers d'égales importances : la valeur ajoutée économique, la valeur ajoutée sociale et la valeur ajoutée environnementale". Elle s'emporte contre le fait que les Africains n'ont pas accès à l'énergie solaire alors que ça leur serait vachement utile, mais en même temps, on les laisse carburer aux pieds et à l'huile de coude, ça n'est pas plus polluant (et encore, je n'ai pas parlé de leurs bites). L'air de rien, si on n'agit pas, on va se retrouver devant un beau merdier : "les prochaines guerres seront liées aux changements climatiques". Quant au suivi des promesses, c'est du garanti : "tous les ans, je viendrais rendre compte aux Français de l'application du pacte présidentiel".

On revient sur la question de l'université, elle affirme qu'elle leur donnera de l'autonomie (coucou Devaquet), mais pas un blanc-seing : "je suis pour une société de la responsabilité, mais vous serez évalués en contrepartie sur les résultats". Par exemple, pas question d'avoir des diplômes différents : "il faudra maintenir la continuité nationale des diplômes". Interrogée alors sur la sélection dans l'université, elle apporte une précision capitale : "il faut faire attention au choix des mots, je préfère parler d'orientation". Parce que, bon, c'est bien joli, que de donner de la liberté aux étudiants, mais il faudrait encore que ça serve à quelque chose : "il faut qu'à la sortie de l'université, les jeunes trouvent du travail". Au fond, le but de l'école, c'est cela, trouver du boulot : "le collège, le lycée, l'enseignement supérieur, il faut des liens beaucoup plus étroits entre les jeunes et les entreprises".

Changement de thème, hop, on arrive aux 35 heures à l'hôpital, mais ce ne sont pas les 35 heures en elles-mêmes, le problème, mais l'application : "dans les métiers de l'humain, les 35 heures qui n'ont pas été suivies de création d'emplois ont dégradé la qualité des soins dans les hôpitaux, mais ça n'est pas arrangé par le non-remplacement des départs à la retraite". Eh ouais, la droite aussi, elle a sa part dans ces problèmes. Pour réformer la Santé, elle privilégie la "médecine préventive", détecter les petits bobos avant que ça devienne gros dégât. Parce que, bon, notre pognon, on le donne (on ne nous demande pas trop notre avis, il faut dire), mais ça n'est pas une raison pour en faire n'importe quoi : "il va falloir rationaliser la dépense publique". Une chose à retenir : "je suis favorable à la création de dispensaires de proximité pour faire de la prévention".

Après ce "je suis favorable", on entame une rafale de "je veux" ("je veux un service public de la caution", "je veux autoriser les communes à faire des réquisitions-acquisitions des logements vacants) et son corollaire ("je ne veux pas d'une société de l'assistanat, je veux une société où chacun puisse décider de sa vie, retrouver sa dignité"). Quand on est bien éduqué, on ne dit pas "je veux", on dit "j'aimerais" (enfin, c'est ce qu'on m'a appris quand j'étais petit). Pour la question de laïcité, dernière abordée, c'est un pas sur le côté ("il ne faut pas modifier la loi de 1905") et un pas de l'autre côté ("chacun doit pouvoir pratiquer son culte de façon digne"). Ne reste plus qu'à signer, elle, elle sait se servir du stylet et pour finir, Arlette Chabot narre cette confidence de Bernard-Henri Lévy, Royal lui aurait confié dans un dîner (il passe son temps à bouffer, BHL, vu le nombre de dîner auxquels il fait référence, et après il va au Darfour pour les narguer) qu'elle a toujours dans sa poche un livre : les Contemplations de Victor Hugo. Ce à quoi Royal répond des banalités qui voulaient dire : "mais qu'est-ce que c'est que ces conneries ?"

Publié dans telepoubelle

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