le Royaume
qui sera sacré roi des cons ?
Plusieurs mois après le tournage, TF1 se décide enfin à diffuser ce jeu qui, finalement, ne casse pas trois pattes à un canard, même atteint de grippe aviaire. Dans un faux cadre moyenâgeux, c'est-à-dire aussi crédible que Vercingétorix l'est pour les Gaulois, quatorze gugusses vont se battre pour gagner 100 000 € (c'est le tarif maison). Pour renforcer l'impression d'être au Moyen-Âge, il y a des petites allusions pseudo-historiques comme gage de qualité de l'émission. Le principe est qu'il y ait des promotions entre les nobles (dont le roi) et les pauvres avec comme idée sous-jacente de montrer que le pouvoir corrompt et que donc seule une dictature d'hommes de bonne volonté, respectables et sains d'esprit est viable (d'ailleurs, le concept est suédois, si ce n'est pas une preuve, ça). Le tout est présenté par un acteur dont je n'avais jamais entendu parler dans un surjeu permanent aussi convaincant en seigneur médiéval que Denis Brogniart fait baroudeur au long cours. Regardons tout de suite qui vont être nos prochains copains :
Frédérique : 44 ans, mère au foyer, forte tête
Aurélie : 25 ans, secrétaire d'un anesthésiste (c'est elle qui envoie les faire-part de décès), coquette, sophistiquée
Mohammed : 26 ans, barman dans une discothèque (mais dans l'est, ça relativise), cheveux longs décolorés, un vrai séducteur de supermarché
Evelyne : 41 ans, formatrice pour l'hôtellerie, féministe militante et mariée à un Grec (sans que ça n'est forcément un rapport)
Antoine : ce n'est pas le chanteur
Frédéric : 31 ans, coiffeur, séducteur de mémères, marseillais caricatural
Benoît : 27 ans, moniteur de ski
Maxx : transformiste (donc, il rêve d'être sacré reine)
Claude : 55 ans, agriculteur auvergnat, moustachu bourru, spécialisé dans le bio, venu à ce métier sur le tard par passion
Audrey : 26 ans, mannequin
Vanessa : 23 ans, hôtesse d'accueil (les deux dernières sont donc des intellectuelles choisies pour leurs facultés mentales essentiellement)
Barbara : 37 ans, restauratrice
Odile : 48 ans, directrice d'hôtel, directive, autoritaire, expansive, mauvaise perdante (parfaite candidate pour de la télé-réalité, donc)
Franck : 40 ans, entraîneur de football amateur (comme n'importe quel joueur de Football Manager, en fait)
D'abord, il faut décider de qui est le roi, pour ça, il faut résoudre un casse-tête chinois. Claude a une solution : tout casser, c'est efficace mais interdit, il est disqualifié de l'épreuve et Mohammed se retrouve roi. Le nouveau monarque doit choisir les trois péquenots qui formeront sa cour, les autres deviendront les simples sujets (les bouzeux, quoi). Il retient la mannequin pour son physique et deux autres (Odile et Franck) car ils lui inspirent confiance. Pour les gueux, il faut apprendre les règles : saluer le roi genou à terre dès qu'ils le voient, ne pas aller de soi-même au château, voter Sarkozy ... Pendant ce temps, les patriciens découvrent leur rôle, s'habillent et prennent les bijoux. Pour ceux, même le roi, qui enfreignent les règles, ça va chier : cages de fer style Louis XI, pilori, oubliettes et passage devant une commission parlementaire en direct sur France 2 sont prêts.
Curieux, le roi Mohammed (ça fait bizarre d'écrire ça, surtout sur TF1, on va dire que chacun son tour) rend visite à ses sujets pour voir leur cadre de vie dans un but amical mais lui et sa cour énervent les va-nu-pieds par leur luxe et se retrouvent considérés comme prétentieux par les autres. Le lendemain, Claude impressionne les autres pouilleux car il sait s'occuper des travaux de la ferme. Le roi doit alors désigner un émissaire et les gueux doivent remplir une tâche, s'ils réussissent, il y a récompense, s'ils échouent, il y aura un gueux en duel contre le roi pour le destituer. A l'annonce de cette épreuve, Frédérique ose une réflexion, les autres essayent de la camoufler mais la cour l'a repérée et veut sévir ultérieurement. Du coup, ils repèrent les diverses joyeusetés pour en faire un exemple et que les autres se calment. Quel joujou choisir ? Mohamed veut la pendre mais Franck préfère la cage suspendue, Odile et Audrey l'approuvent car elles pourront la balancer pour la faire vomir.
Pendant ce temps, les pauvres décident finalement d'essayer d'accomplir l'épreuve pour laisser un sursis au couronné, ils doivent donc réparer une charrette pour amener un sanglier en cage dans la cour du château. Frédéric, nommé émissaire par le roi, veut organiser le bazar mais agace certains et finalement, c'est encore Claude qui s'impose par son savoir-faire. Une fois que c'est fait, les plébéiens attendent que le roi viennent les féliciter et leur filer la récompense, il ne vient pas pour les faire mariner, ils en ont marre, rentrent sans l'attendre et se sont convaincus d'affûter les piques si rien ne vient avant la nuit. D'autant que la répartition de la bouffe se fait à la seule décision du roi, alors il finit par aller les voir pour leur promettre une livraison de victuailles pour la soirée. Dans la foulée, il embarque Frédérique pour la punir mais elle s'enfuit et rentre dans la cabane des pauvres. Pas de poursuite façon Benny Hill mais Franck s'occupe des représailles : Frédéric, en tant qu'émissaire, est mis au pilori en attendant que Frédérique (la fautive, ils ne pouvaient pas en prendre sans le même prénom, aussi) se livre. En prime, les pauvres sont privés de souper. Frédérique vient alors dans une dignité qui n'est pas sans vouloir imiter Jésus sur la croix. Le problème pour le roi est que maintenant, sa popularité est au plus bas.
Il doit maintenant désigner le seigneur qui ira défendre sa place en duel contre un manant, Odile se dévoue instantanément. L'émissaire arrive pour être informé, il se plaint de la punition mais se heurte à un mur avec Odile. Toutefois, il repart avec une bouteille de gnôle et Frédérique est finalement libérée. Il annonce alors le résultat aux autres et qu'il voit Evelyne pour disputer le duel. De son côté, Odile craint qu'elle soit trop faible physiquement mais Franck la convainc que tout est une question de mental, citant l'exemple de "Samson et Goliath" (sic, on voit bien là l'entraîneur de foot). Alors le jeu, c'est un truc style Intervilles, mais sans vachette et avec d'autres décors, en gros, elles doivent récupérer sous la flotte des pièces de puzzle à refaire. Comme Odile fait tout tomber avant la dernière plongée, elle a perdu et elle est virée du royaume, laissant sa place à la cour à Evelyne.
Evelyne découvre l'intérieur du château et le roi lui apprend les règles antisociales (tu perds ton sang froid) à son grand dam, d'autant que les (David ?) marauds espèrent qu'elle influera suffisamment sur le roi pour récupérer un peu de niam-niam. Un bonhomme en costume du Klu Klux Klan, mais noir, vient apporter une lettre au roi : il doit remettre son trône en jeu contre les trois nobles mais chacun avec deux faquins de son choix. Evelyne conseille le roi de prendre Aurélie et Maxx pour qu'il se viande mais il choisit Frédéric et Frédérique pour lui alors qu'ils sont ses principaux opposants. Ce choix fait discuter dans la cabane, Frédérique veut jouer de façon tordue pour le renverser en le faisant gagner ce coup-ci, Frédéric ne la croit pas et la trouve arriviste. Audrey est déçue du choix de lui adjoindre deux faibles alors que les deux forts sont avec Franck, elle n'est pas convaincue par l'explication du roi qui ne croit pas à un véritable état d'âme mais plutôt au fait qu'elle joue son rôle de "seigneuresse" (sic).
Le jeu, c'est une cible à embraser avec une catapulte qui tire des bidules enflammés. Mohamed l'emporte, ce qui suscite l'énervement des gueux envers les deux équipiers du roi honni, des questions se posent. Mohamed veut enfoncer le clou pour en faire de vrais alliés et convoque Frédérique au château pour qu'elle prenne un bain (mais toute seule dans la flotte, ce n'est pas Loana) avec les bonniches pour la frotter. Pour la nouvelle corvée (construire une rôtissoire et y faire cuire une oie), Frédéric est encore nommé émissaire, le roi espérant garder un pion chez les gueux pour que l'épreuve soit réussie et sa couronne conservée, hélas pour lui, Frédéric l'intransigeant énerve tout le monde qui n'a donc pas très envie de lui obéir.
C'est un échec, les pauvres passant leur temps à se contredire au lieu de faire ce qu'il faut, en punition, le roi envoie Frédéric en cage. Non seulement, ça l'énerve de se faire punir pour la deuxième fois d'autant qu'il a aidé le roi à le rester, mais en plus, les trois nobles viennent le narguer, alors, tel Etienne Marcel (pas le prévôt des marchands, le pilier de comptoir, il doit bien en exister un qui porte ce nom), il se révolte. Il ouvre la cage (car c'est une cage qu'un coup de pied peut ouvrir de l'intérieur, très dissuasif, donc), se casse à la cabane et annonce qu'il quitte le jeu. Le roi convoque tout le peuple à son château et veut donner une dernière chance à son ancien chouchou mais celui-ci, de son charmant vocabulaire marseillais, rejette cette proposition d'un "je m'en bats les couilles" probablement d'époque.
Chez les pauvres, on se demande qui veut bien aller défier le roi, c'est Frédérique qui se dévoue. De plus, deux écoles s'affrontent, ceux qui ne supportent plus la crasse et la faim et les résistants, emmenés par le rustre rural Claude. Les conditions difficiles font craquer Aurélie qui abandonne à son tour, deuxième abandon et, comme pour le premier, les pauvres s'en foutent royalement, si j'ose dire. Le duel est censé être impressionnant, en fait, il s'agit juste de retenir des poids qui écartèlent les candidats (à Guantanamo, ils font ça tous les jours). Mohammed est battu, Frédérique devient reine tandis que l'autre se retrouve pauvre. La nouvelle reine doit choisir trois pauvres pour quitter le royaume, l'un d'eux étant tiré au sort pour être effectivement éjecté. Elle choisit Antoine, Claude et Barbara. C'est le paysan qui est lourdé, au grand soulagement de tous, les relations devenant difficiles dans la cabane (et, à tous les coups, il doit ronfler).